Dans les prochaines années, des tempêtes de plus en plus explosives et pluvieuses frapperont l’Europe de l’Ouest et donc, la France. Selon une récente étude, les littoraux atlantiques devraient davantage recevoir la visite de tempêtes ressemblant à celles que l’on retrouve dans les Caraïbes.
Le rôle des « rivières atmosphériques »
Les tempêtes violentes s’accompagnant de fortes pluies pourraient elles être de plus en plus intenses et fréquentes dans l’Atlantique Nord en raison du réchauffement climatique ? Une étude franco-suédoise à laquelle ont participé des chercheurs de Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE) permet de répondre à cette question. Ces travaux publiés dans la revue Earth System Dynamics en janvier 2025 laissent penser que les schémas climatiques des pays de l’Europe de l’Ouest dont la France sont en train de changer.
Les chercheurs de l’étude ont évoqué un principe thermodynamique connu, à savoir que l’air chaud peut renfermer plus de vapeur d’eau que l’air froid. Or, en considérant la relation de Clausius-Clapeyron, la capacité de l’atmosphère à retenir l’humidité augmente d’environ 7% pour chaque degré de température supplémentaire. Autrement dit, dans le cadre d’un climat plus chaud, l’atmosphère accumule davantage de vapeur d’eau avant de la relâcher.
Canalisée sur de longues distances par des courants atmosphériques rapides, la vapeur forme ensuite une « rivière atmosphérique ». Il s’agit ici d’un couloir de vapeur d’eau concentrée capable de transporter sur de grandes distances – dans la troposphère et depuis les basses latitudes – de très importantes quantités d’humidité.

Plusieurs zones à surveiller davantage
Dans les faits, la rivière atmosphérique agit comme un amplificateur d’énergie après une rencontre avec une dépression déjà existante. En effet, la condensation rapide de la vapeur libère une importante quantité de chaleur, accentuant ainsi les écarts de température et accélérant la chute de pression à l’intérieur de la tempête à venir. Au cours de cette « cyclogenèse explosive », il devient question de précipitations plus intenses et d’un renforcement des vents .
Les scientifiques ont indiqué qu’actuellement, environ 72% des tempêtes explosives touchant l’Europe s’associent à des rivières atmosphériques. Ainsi, les modèles climatiques de l’étude laissent penser que les tempêtes de l’Atlantique Nord arrivant en Europe seront de plus en plus durables, intenses et dans de nombreux cas, plus destructrices. Au programme, nous retrouvons plusieurs composantes des habituels ouragans touchant les Caraïbes : fortes inondations et vents extrêmes.
Selon l’étude, plusieurs zones doivent faire l’objet d’une surveillance accrue : la Scandinavie, les îles britanniques, le sud de la péninsule ibérique et la France. Les chercheurs pensent que de telles tempêtes seront de moins en moins des cas isolés et surtout, que celles-ci auront davantage tendance à s’enfoncer dans les terres.