Une étude britannique récente a permis de mieux comprendre un évènement particulier. Depuis le début d’année 2023, les océans ont littéralement suffoqué en raison de températures extrêmes pendant plus d’une année. Or, les raisons de cet épisode surprenant de 450 jours sont désormais connues.
La vitesse d’absorption de la chaleur se multiplie
En 2021, des chercheurs suisses avaient déterminé la température moyenne de l’océan mondial des 700 000 dernières années. S’il est évidemment intéressant de comprendre le passé, le présent est néanmoins synonyme d’urgence. Publiée dans la revue Environmental Research Letters le 28 janvier 2025, une étude a permis d’expliquer un phénomène bien plus récent. Selon les chercheurs, les océans ont fait face à des températures extrêmes depuis mars 2023, et ce, durant 450 jours. Ces travaux menés par l’Université de Reading (Royaume-Uni) ont souligné l’importance de ce phénomène qui a dépassé les projections des climatologues, même les plus pessimistes. Par ailleurs, leurs explications concernant cet épisode sont particulièrement inquiétantes.
Les scientifiques ont procédé à des analyses de données satellitaires, dont les plus anciennes remontent à 1985. Selon les résultats, la vitesse d’absorption de la chaleur a été multipliée par quatre en une quarantaine d’années. Il y a donc une corrélation entre l’augmentation de la température des océans et l’intensification du bilan radiatif terrestre, c’est-à-dire la différence entre le rayonnement solaire qu’absorbe notre planète et le rayonnement infrarouge qu’elle renvoie vers l’espace.
Or, ce phénomène terrestre qui détermine la température moyenne de la Terre est désormais concerné par un excédent qui a doublé depuis 2010. Autrement dit, la différence entre la quantité d’énergie solaire qu’absorbe notre planète que la quantité d’énergie infrarouge qu’elle renvoie est de plus en plus grande. Rappelons également que les océans absorbent 90 % de cette chaleur en excès.

Quelles sont les raisons qui expliquent ce phénomène au niveau des océans ?
Selon les meneurs de l’étude, plusieurs facteurs viennent expliquer ce phénomène. Citons les émissions de gaz à effet de serre, dont la source principale n’est autre que les énergies fossiles. Elles représentent en effet 44 % de la chaleur excédentaire, même durant les années El Nino, un cycle climatique naturel qui se caractérise par des températures en surface anormalement élevées.
Ensuite, il convient d’évoquer les efforts de dépollution atmosphérique à l’origine d’un effet aussi pervers qu’inattendu. Il est question d’une diminution des aérosols sulfurés, principalement au niveau de l’industrie chinoise et du transport maritime mondial. Or, cela a causé une réduction de la formation des nuages en mer, ces derniers agissant habituellement comme un genre de bouclier réfléchissant. Ainsi, le phénomène d’albédo océanique a été modifié.
Enfin, l’étude a mentionné des projections concernant les prochaines décennies et elles pourraient surpasser celles des quarante dernières années avec des conséquences dévastatrices pour les écosystèmes marins, mais également une multiplication des phénomènes météorologiques de forte intensité comme les ouragans dans les zones tropicales.