Un squelette complet : un trésor pour la science
Les premières traces de Mixodectes pungens furent découvertes il y a plus de 140 ans, mais cet ancien mammifère du début du Paléocène est resté un véritable mystère pour les chercheurs. Les fossiles retrouvés à l’époque n’offraient en effet que peu d’informations et les scientifiques n’ont pas pu élucider les particularités de ce mammifère ni son rôle dans l’écosystème de l’époque.
Cependant, une nouvelle avancée majeure a eu lieu récemment avec la découverte d’un squelette presque complet, l’un des fossiles les mieux préservés de cette espèce jamais retrouvés. Cette trouvaille extraordinaire a permis de lever une grande partie du voile sur son anatomie, son mode de vie arboricole et ses habitudes alimentaires. Grâce à ces nouvelles données, les chercheurs peuvent enfin mieux comprendre la manière dont l’animal s’intégrait dans l’écosystème du Paléocène et son rôle dans l’évolution des mammifères après l’extinction des dinosaures.
Un mode de vie arboricole et un régime alimentaire spécifique
Mixodectes pungens n’était pas un simple mammifère terrestre : il vivait dans les arbres, comme un petit singe d’aujourd’hui. Son corps, d’environ 1,3 kg, était doté de membres et de griffes qui lui permettaient de grimper et de s’accrocher aux branches avec une étonnante agilité. Sa principale source de nourriture ? Les feuilles. Ses molaires, caractérisées par des crêtes spéciales, étaient en effet parfaitement adaptées pour broyer les végétaux durs, ce qui confirme que ce petit mammifère était un spécialiste du végétarisme. Bien qu’omnivore, il privilégiait donc un régime alimentaire à base de feuilles.
Cette découverte, rapportée dans Scientific Reports, est d’autant plus importante qu’elle nous montre comment les premiers mammifères se sont adaptés à des environnements spécifiques après l’extinction des dinosaures. En vivant dans les arbres et en se nourrissant principalement de végétaux, Mixodectes pungens occupait une niche écologique bien précise, distincte de celle d’autres mammifères de l’époque.

Un parent éloigné des primates ?
L’une des révélations les plus surprenantes de cette étude est que Mixodectes pungens pourrait être un cousin lointain des primates modernes, et même des colugos, des animaux appelés “lémuriens volants”. Grâce à des analyses phylogénétiques approfondies, les chercheurs ont en effet découvert que cet animal appartient à un groupe de mammifères appelé Euarchonta, qui inclut les primates et les colugos. Cette découverte rapproche encore un peu plus Mixodectes pungens de nous, car cela fait de lui un parent éloigné, mais tout de même relativement proche, des humains.
Les scientifiques affirment que ce lien évolutif est essentiel pour comprendre l’histoire des primates et comment ces espèces se sont diversifiées au fil des millions d’années. Ce fossile constitue donc un petit pas vers une compréhension plus précise de l’arbre évolutif des mammifères.