Lorsqu’une intervention chirurgicale est programmée, plusieurs facteurs peuvent influencer son succès. Parmi eux, le choix du jour pourrait jouer un rôle plus important qu’on ne le pense. Une étude révèle en effet que les opérations faites juste avant le week-end présentent un risque accru de complications.
Quand le calendrier joue un rôle dans la sécurité des patients
Une étude menée aux États-Unis et au Canada a mis en lumière un risque accru associé aux interventions chirurgicales programmées avant le week-end, notamment celles réalisées le vendredi.
Dans une étude portant sur une cohorte de 400 000 patients subissant 25 opérations chirurgicales courantes en Ontario, au Canada, ceux qui ont subi une intervention chirurgicale immédiatement avant le week-end ont connu une augmentation statistiquement significative (autour de 5%) du résultat composite de décès, de complications et de réadmissions à 30 jours, 90 jours et 1 an par rapport à ceux traités après le week-end. Ce phénomène, qualifié d’ »effet week-end », se manifeste particulièrement dans des domaines comme la chirurgie orthopédique et l’urologie, et touche surtout les interventions planifiées.
Les raisons de ce phénomène sont multiples, mais l’une des explications principales réside dans la réduction du personnel médical durant le week-end. Pendant les journées de vendredi à dimanche, les hôpitaux voient en effet souvent leur effectif réduit, avec moins de médecins seniors, moins d’infirmières et moins de personnel disponible pour surveiller et prendre en charge les patients. Ce manque de ressources humaines peut entraîner un suivi moins rigoureux des patients, notamment pour la gestion des complications postopératoires.
De plus, les patients opérés un vendredi doivent souvent rester à l’hôpital tout le week-end. Cela signifie donc qu’ils sont souvent pris en charge par des équipes moins expérimentées ou moins disponibles.
Les limites de l’étude : une analyse à prendre avec précaution
Bien que les résultats de cette étude apportent des informations intéressantes sur l’effet week-end, il est important de considérer certaines limites méthodologiques. L’étude étant de nature observationnelle et basée sur des données administratives, elle comporte des biais potentiels. En particulier, les chercheurs n’ont pas eu accès aux données cliniques préopératoires des patients, ce qui a empêché une stratification des individus en fonction de leur risque préopératoire immédiat. Cette absence de précision peut constituer un facteur de confusion, car des pathologies médicales préexistantes ou des complications spécifiques pourraient expliquer certains des résultats observés. Par ailleurs, certains patients n’ayant pas fourni toutes les informations nécessaires ont été éliminés de la cohorte, ce qui pourrait introduire un biais de sélection.
De plus, l’étude n’a pas permis d’analyser en détail les causes spécifiques des complications et des réadmissions, ce qui limite l’interprétation des résultats, en particulier pour les événements à long terme. Il est possible que certains événements indésirables ne soient pas directement liés à la chirurgie de référence. Enfin, l’étude a également reconnu le potentiel de biais écologique, car elle ne permet pas d’analyser les caractéristiques spécifiques de sous-groupes au sein de la population étudiée, ce qui pourrait influencer les résultats globaux.
Malgré ces limites, les conclusions de cette recherche peuvent guider les décideurs de santé publique pour mieux comprendre les risques associés aux interventions programmées avant le week-end et développer des stratégies pour améliorer la prise en charge des patients.

Comment minimiser ces risques ?
Pour contrer l’effet week-end, plusieurs solutions peuvent être envisagées. La première est d’augmenter la présence du personnel médical durant le week-end. Certaines études suggèrent que renforcer l’équipe de soins, notamment en augmentant le nombre de médecins seniors et d’infirmiers, permettrait de compenser la baisse de personnel souvent observée pendant ces jours.
En outre, la mise en place de technologies médicales comme la télémédecine ou les systèmes de surveillance à distance pourrait également contribuer à un meilleur suivi des patients en dehors des heures de bureau. Ces technologies permettraient aux médecins de rester en contact avec leurs patients et d’intervenir plus rapidement en cas de complications.
Enfin, les hôpitaux pourraient réorganiser leurs plannings chirurgicaux en évitant de concentrer trop d’opérations programmées le vendredi. En répartissant mieux les interventions sur l’ensemble de la semaine, cela pourrait permettre de réduire la pression sur les équipes médicales et d’assurer une meilleure qualité des soins pour tous les patients.