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Pourquoi les films modernes sont-ils de plus en plus nuls ? On vous dit tout !

Pourquoi les films modernes sont-ils de plus en plus nuls ? On vous dit tout !

  • vendredi 25 avril 2025
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Combien de fois êtes-vous sorti d’un film en vous disant : « Bof » ? Ni complètement mauvais, ni franchement bon. Juste… oubliable. Vous n’êtes pas seul. De plus en plus de spectateurs ont ce sentiment diffus que le cinéma contemporain – en particulier hollywoodien – tourne en rond. Pourtant, ces films cochent toutes les cases : des acteurs bankables, des effets spéciaux spectaculaires, une structure scénaristique bien huilée. Alors pourquoi ne parviennent-ils plus à nous toucher ? La réponse se trouve peut-être du côté des sciences du récit, de la psychologie cognitive… et de la logique des plateformes.


Quand les films deviennent « passables »

Dans une vidéo qui a fait date, l’essayiste Evan Puschak (alias The Nerdwriter) a formulé une critique qui fait mouche : le vrai problème d’Hollywood, ce ne sont pas tant les mauvais films que les films « passables ». Ceux qui suivent à la lettre les méthodes des « script doctors », ces consultants en narration qui enseignent l’art d’écrire des scénarios à succès.

Parmi ces figures de référence, on trouve Robert McKee ou encore Blake Snyder, dont les ouvrages ont influencé des générations de scénaristes. Ils proposent une grille presque mathématique de l’histoire : inciter l’empathie du spectateur dès les premières minutes, déclencher un événement décisif avant la page 27 du script, structurer le récit en trois actes bien balisés… En théorie, cette méthode est infaillible.

Et pourtant, de nombreux films qui l’appliquent à la lettre échouent à nous émouvoir. Pourquoi ?


Notre cerveau connaît déjà la formule

Les neurosciences et la psychologie cognitive peuvent nous aider à comprendre ce phénomène. Le cerveau humain est naturellement attiré par les récits bien structurés : ils activent des réseaux neuronaux liés à l’attention, à la mémoire et aux émotions. C’est pour cela que les mythes anciens ou les tragédies grecques ont survécu pendant des siècles : ils obéissent à une mécanique narrative puissante.

Mais cette mécanique, à force d’être répétée, devient prévisible. Le cerveau humain, s’il est sensible à la structure, est aussi avide de surprise et de nouveauté. Lorsqu’il anticipe chaque retournement, chaque dialogue, chaque fin, il se désengage. Résultat : un sentiment d’ennui diffus, malgré une production parfaitement calibrée.

C’est ce qu’on appelle parfois en psychologie « l’effet de satiété cognitive » : ce qui a longtemps procuré du plaisir finit par lasser, car il ne stimule plus la curiosité ni l’émotion.


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Crédit : iStock

Crédits : maksicfoto/istock

Des films qui ressemblent à des algorithmes

Ce phénomène est accentué par les plateformes de streaming. Netflix, Disney+ ou HBO Max analysent en continu les goûts de leurs abonnés et produisent des films qui optimisent les taux de clics, de rétention ou de « re-watch ». En d’autres termes : des contenus conçus pour plaire à tout le monde… donc à personne en particulier.

Des chercheurs en communication parlent d’ »industrialisation du goût » : à force de chercher le consensus maximal, on produit des œuvres lisses, sans aspérité. Des films qui semblent avoir été générés par une intelligence artificielle : efficaces, mais sans âme.

Quand la fiction ne parle plus du réel

Autre conséquence : les films modernes parlent de moins en moins de la vie réelle. Selon Puschak, ils ne s’inspirent plus de l’expérience humaine, mais… d’autres films. Ils sont « métaréférentiels », autorépliqués, comme si le cinéma se copiait lui-même à l’infini. On retrouve les mêmes archétypes, les mêmes intrigues, les mêmes formules.


Cela rejoint une critique formulée par le scénariste et réalisateur Charlie Kaufman (Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Adaptation). Pour lui, l’obsession de la structure tue l’authenticité. Dans ses interventions publiques, il insiste sur l’importance de « dire qui on est », de parler depuis l’intérieur, même de manière désordonnée. Car ce qui nous touche, ce ne sont pas les mécaniques, mais les vérités humaines.

Peut-on mesurer ce déclin artistique ?

Bien sûr, le ressenti esthétique est subjectif. Il est difficile de « prouver scientifiquement » qu’un film est bon ou mauvais. Mais on peut tout de même observer des tendances mesurables :

  • Diminution du vocabulaire dans les dialogues ;

  • Réduction du nombre de plans longs au profit du montage rapide ;

  • Recyclage narratif (remakes, suites, reboots) ;

  • Moins de diversité dans les profils de personnages et d’auteurs.

Des chercheurs en science des données ont déjà cartographié ces évolutions. La variété thématique du cinéma américain a chuté de 30 % en vingt ans, selon une étude parue en 2020 dans Nature Communications. La faute à la recherche d’un « modèle gagnant » à reproduire.

L’espoir vient des marges

Tout n’est pas perdu. L’essor du streaming a aussi permis à certains auteurs de s’exprimer librement, du moins un temps. Charlie Kaufman, les frères Safdie, Ari Aster ou Chloé Zhao ont pu réaliser des films exigeants, grâce à des plateformes prêtes à prendre des risques.

Mais cet âge d’or semble déjà en recul. Netflix a récemment annoncé vouloir réduire les “projets d’auteur” jugés peu rentables. Le retour à une logique de blockbuster standardisé est déjà en marche.

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