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Pourquoi des chercheurs proposent de réintroduire les loups dans les Highlands

Pourquoi des chercheurs proposent de réintroduire les loups dans les Highlands

  • mardi 18 février 2025
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Et si le retour d’un prédateur disparu depuis plus de deux siècles pouvait jouer un rôle clé dans la lutte contre le changement climatique ? C’est ce que suggère une étude menée par des chercheurs de l’Université de Leeds. Selon leurs conclusions, la réintroduction des loups dans les Highlands écossais pourrait favoriser la régénération des forêts indigènes, permettant d’absorber jusqu’à un million de tonnes de CO₂ par an. Alors que l’Écosse possède aujourd’hui l’un des taux de couverture forestière les plus bas d’Europe, ce projet suscite à la fois espoir et controverse. 


Pourquoi réintroduire les loups en Écosse ?

Il y a près de 250 ans, le loup disparaissait d’Écosse, exterminé par l’Homme. Son absence aura entraîné un déséquilibre écologique majeur. Sans ce prédateur naturel, les populations de cerfs ont en effet explosé, atteignant aujourd’hui environ 400 000 individus. Cette surabondance a un impact direct sur l’environnement : en broutant de manière excessive les jeunes pousses, les cerfs empêchent la régénération naturelle des forêts.

Les chercheurs ont étudié l’impact que la réintroduction de loups pourrait avoir sur quatre grandes zones de nature sauvage écossaise : les Cairngorms, les Hautes Terres du Sud-Ouest, les Hautes Terres centrales et les Hautes Terres du Nord-Ouest. Leur modèle prédateur-proie montre qu’une population d’environ 167 loups suffirait à réguler les cerfs et à permettre aux arbres de repousser naturellement, avec une capacité d’absorption d’environ un million de tonnes de CO₂ par an. Ce chiffre représente 5 % de l’objectif de séquestration carbone fixé pour les forêts britanniques dans le cadre du plan de neutralité carbone d’ici 2050.

Chaque loup aurait ainsi une valeur carbone estimée à 154 000 £ en tenant compte du coût du carbone sur le marché. Loin d’être une simple mesure de conservation, cette réintroduction pourrait donc jouer un rôle crucial dans les stratégies de lutte contre le réchauffement climatique.


Les autres avantages du retour des loups

Au-delà de son rôle essentiel dans la régulation des populations de cerfs et le stockage du carbone, la réintroduction des loups en Écosse pourrait avoir d’autres retombées positives significatives au niveau économique, environnemental et sanitaire.

L’un des premiers bénéfices serait l’essor de l’écotourisme. Dans des pays comme les États-Unis ou la France, la présence de grands prédateurs attire chaque année de nombreux passionnés de faune et de nature. En Écosse, où les paysages sauvages sont déjà une attraction majeure, la possibilité d’observer des loups dans leur habitat naturel pourrait devenir un atout supplémentaire pour le tourisme. Des safaris animaliers et des randonnées guidées axées sur la faune sauvage pourraient se développer, générant ainsi des revenus pour les communautés locales et renforçant la sensibilisation à la préservation de la biodiversité.

La diminution des populations de cerfs pourrait également avoir un effet bénéfique sur la sécurité routière. En Écosse, les collisions entre voitures et cerfs sont en effet fréquentes, causant non seulement des dégâts matériels, mais aussi des accidents parfois graves. Avec une population de cervidés mieux contrôlée par la prédation naturelle des loups, le nombre de ces incidents pourrait être réduit, diminuant ainsi les coûts de réparation pour les automobilistes et le risque de blessures pour les conducteurs.


Un autre impact positif concerne la santé publique, notamment la lutte contre la maladie de Lyme. Cette maladie, transmise par les tiques qui parasitent les cerfs, est en progression dans plusieurs régions d’Europe, y compris au Royaume-Uni. En régulant les populations de cervidés, les loups pourraient indirectement contribuer à limiter la prolifération des tiques, et donc réduire les risques de contamination pour les humains. Cette conséquence, bien que moins évidente à première vue, illustre comment un équilibre écologique restauré peut aussi bénéficier à la santé humaine.

highlands loups
Crédits : espy3008/istock

Une réintroduction qui fait débat

Malgré ces avantages, l’idée de réintroduire les loups en Écosse ne fait pas l’unanimité. Les éleveurs de bétail redoutent en effet une augmentation des attaques sur leurs troupeaux, bien que des mesures de compensation financière puissent être mises en place. Les chasseurs, quant à eux, s’inquiètent d’une diminution du gibier.

Toutefois, plusieurs exemples montrent que la coexistence est possible. En Europe occidentale, la population de loups dépasse aujourd’hui 12 000 individus, occupant 67 % de leur ancien territoire. Des pays densément peuplés comme les Pays-Bas ou l’Allemagne ont réussi à réintroduire le loup en mettant en place des politiques de compensation et de protection du bétail.

Les chercheurs soulignent que la réussite d’un tel projet dépendra d’un dialogue approfondi avec les parties prenantes. L’objectif n’est pas d’imposer une réintroduction, mais d’étudier les meilleures solutions pour minimiser les conflits tout en maximisant les bénéfices pour l’environnement.

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