Courir un marathon est un défi monumental pour le corps humain, qui doit endurer des heures d’effort intense. Mais au-delà des muscles, des articulations et du cœur, une étude récente a révélé que l’impact de cette épreuve dépasse de loin ce que l’on imaginait, affectant le cerveau de manière surprenante. Après une course de 42 kilomètres, l’organe le plus vital de notre corps semble en effet prendre des mesures extrêmes pour assurer sa survie.
Un défi pour le corps entier
Le marathon est un véritable test pour le corps humain. Les coureurs doivent faire face à une multitude de risques : blessures musculaires, déshydratation, troubles cardiaques, et même des problèmes rénaux. Mais une nouvelle étude nous révèle que l’impact d’un tel effort ne se limite pas aux muscles et aux organes vitaux. Le cerveau, pourtant indispensable à la coordination et aux fonctions cognitives, subit aussi les effets d’un marathon.
Lors d’un exercice aussi intense et prolongé, le corps épuise rapidement ses réserves de glucose, sa principale source d’énergie. Une fois ces stocks épuisés, il doit trouver une alternative pour continuer à fonctionner. C’est à ce moment précis que le cerveau, un organe particulièrement gourmand en énergie, se retrouve face à une question cruciale : où puiser l’énergie nécessaire à son bon fonctionnement ? Et c’est là que les choses deviennent étonnantes : le cerveau semble recourir à une ressource inattendue, mais précieuse… la myéline.

Crédit : iStock
Crédits : FotokitaLe cerveau face à l’épuisement : la myéline comme source d’énergie
La myéline, une substance graisseuse qui enveloppe les fibres nerveuses du cerveau, joue un rôle crucial dans la transmission des signaux électriques entre les cellules cérébrales. Elle permet au cerveau de fonctionner efficacement en facilitant la communication rapide entre les différentes régions. Une dégradation de cette myéline peut altérer la rapidité des échanges nerveux, affectant ainsi les capacités cognitives et motrices. Mais, en période de stress extrême, comme lors d’un marathon, la situation semble changer.
Une étude récente a révélé qu’après un marathon, certains coureurs présentent une réduction significative des niveaux de myéline dans des zones spécifiques du cerveau, notamment celles impliquées dans la gestion des mouvements et des émotions. Cette observation suggère que, dans un contexte d’épuisement énergétique, le cerveau recourt à ses propres réserves pour survivre. Plutôt que de se contenter des sources d’énergie habituelles, il semble utiliser la myéline comme carburant de secours.
Pour explorer cet impact sur le cerveau, une équipe de chercheurs a utilisé des IRM cérébrales pour analyser les cerveaux de dix coureurs avant, puis après la course, à différents moments : deux jours, deux semaines et deux mois. Les résultats, publiés dans Nature Metabolism, ont effectivement montré que, deux jours après la course, les signaux de myéline dans certaines régions cérébrales avaient diminué jusqu’à 28 %. Ces zones étaient principalement liées au contrôle moteur et à la gestion émotionnelle, ce qui suggère que l’effort intense ne touche pas seulement le corps, mais aussi la capacité du cerveau à maintenir ses fonctions vitales.
Ainsi, la recherche met en lumière un phénomène surprenant : le cerveau, face à un épuisement énergétique extrême, semble être contraint de puiser dans ses propres ressources pour continuer à fonctionner, ce qui pourrait expliquer la fatigue mentale éprouvée après un marathon.
Une récupération rapide mais une alerte à long terme
Il y a toutefois une bonne nouvelle : après deux mois, les niveaux de myéline des coureurs étaient revenus à la normale, ce qui suggère que ces changements sont temporaires. Toutefois, cette dégradation rapide de la myéline pendant la course soulève des questions intéressantes. Si cette perte d’énergie est réversible, qu’en est-il des effets à long terme ?
Bien que les résultats ne montrent pas de dommage permanent à la structure du cerveau, des recherches supplémentaires seront nécessaires pour évaluer les impacts à plus long terme, en particulier pour les athlètes qui s’engagent régulièrement dans des courses d’endurance extrême.