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Opération Cadran Solaire : la terrifiante arme nucléaire qui (heureusement) n’a jamais existé

Opération Cadran Solaire : la terrifiante arme nucléaire qui (heureusement) n’a jamais existé

  • jeudi 24 avril 2025
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Et si l’humanité avait sérieusement envisagé de construire une bombe nucléaire 700 000 fois plus puissante que celle d’Hiroshima ? Non, ce n’est pas le pitch d’un roman dystopique, mais bel et bien un projet théorique étudié pendant la guerre froide par les États-Unis. Son nom : Operation Sundial, ou Opération Cadran Solaire en français. Une arme si gigantesque qu’elle aurait pu faire exploser la planète… ou au moins, la rendre franchement inhabitable.


Alors, c’était quoi exactement ce projet délirant ? Et surtout, pourquoi envisager une arme aussi démesurée ?

Un contexte de paranoïa nucléaire

Nous sommes dans les années 1950-60. Le monde est suspendu à un équilibre instable entre deux superpuissances : les États-Unis et l’URSS. La guerre froide bat son plein, et la course à l’armement atteint des sommets inquiétants. Les États-Unis développent successivement des bombes A (fission), puis H (fusion), chacune plus puissante que la précédente.

Mais dans les coulisses, certains scientifiques et stratèges militaires vont plus loin. Beaucoup plus loin.


L’idée est simple (et terrifiante) : si une bombe de 20 kilotonnes a pu raser Hiroshima, et si une Tsar Bomba de 50 mégatonnes peut raser une ville entière, alors pourquoi ne pas envisager une arme carrément capable de “terminer” une guerre en un seul coup ?

C’est là qu’apparaît l’opération Sundial.

Une bombe de 10 gigatonnes (oui, giga)

Ce projet théorique visait la création d’une bombe nucléaire de 10 gigatonnes. Pour donner un ordre de grandeur, cela représente :


  • 10 000 mégatonnes,

  • Soit environ 700 000 fois la puissance de la bombe d’Hiroshima,

  • Ou encore l’équivalent énergétique de tous les séismes majeurs du siècle dernier combinés.

L’explosion d’une telle bombe ne se contenterait pas de détruire une ville ou un pays : elle pourrait affecter l’équilibre climatique global, causer une extinction massive, ou potentiellement modifier l’orbite terrestre si elle était mal placée (en théorie extrême, mais tout de même envisagée).

Ce projet n’a jamais dépassé le stade des calculs, mais il a bel et bien été sérieusement étudié. Pourquoi ? Pour « comprendre les limites » de la physique nucléaire… et évaluer si une telle bombe pourrait avoir un usage stratégique. Spoiler : non.

bombe nucléaire Opération Cadran Solaire

Crédit : iStock

Crédits : iStock

Techniquement, c’était faisable ?

D’un point de vue purement physique, oui. Les bombes H fonctionnent par fusion nucléaire, un processus qui, contrairement à la fission, n’a pas vraiment de limite théorique de puissance. Il suffit d’ajouter plus de combustible (deutérium, tritium) et de concevoir un système capable de contenir l’explosion en chaîne le plus longtemps possible.


Mais les défis techniques auraient été astronomiques : taille, stabilité, stockage, transport, sécurité… sans compter qu’une telle bombe aurait produit tellement de chaleur qu’elle aurait pu littéralement s’auto-détruire avant même d’être déclenchée.

Et si elle avait été utilisée ?

Si une telle bombe avait explosé, même dans une zone inhabitée, les conséquences auraient été mondiales. On parle ici d’un cratère de plusieurs dizaines de kilomètres de diamètre, d’un hiver nucléaire global, et de radiations si intenses que toute forme de vie sur des centaines (voire des milliers) de kilomètres aurait été condamnée.

La stratosphère aurait été saturée de particules radioactives, perturbant durablement le climat terrestre. Et ce, même si la bombe n’avait pas été utilisée en temps de guerre.

C’est probablement pour ça que personne n’a jamais tenté sérieusement de la construire.

La science au service de la dissuasion

Ce projet nous rappelle à quel point la science peut être détournée pour servir des logiques absurdes. À une époque où la puissance militaire était perçue comme l’ultime outil diplomatique, certains étaient prêts à repousser toutes les limites — même celles de la survie de l’espèce humaine.

Mais ce n’est pas qu’un cauchemar du passé. Aujourd’hui encore, les arsenaux nucléaires sont capables de détruire la planète plusieurs fois. Et bien que le projet Sundial soit resté théorique, il incarne parfaitement l’absurdité ultime de la dissuasion nucléaire : concevoir une arme si destructrice qu’elle ne pourra jamais être utilisée.

Un avertissement pour le futur

L’Opération Cadran Solaire n’était pas un plan d’attaque, ni même un projet de développement concret. C’était un exercice de pensée, un test des limites physiques, mais aussi un révélateur des dérives potentielles de la course à la puissance.

Et si cette bombe n’a jamais existé, son existence sur papier est déjà, en soi, un signal d’alarme. Un rappel que la science, sans éthique, peut nous faire frôler l’impensable.

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