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Non, ce n’est pas le plus rapide qui gagne : cette vérité surprenante sur la fécondation (spoiler les femmes ont toujours le dernier mot…)

Non, ce n’est pas le plus rapide qui gagne : cette vérité surprenante sur la fécondation (spoiler les femmes ont toujours le dernier mot…)

  • lundi 24 mars 2025
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On imagine souvent la fécondation comme une grande course où des millions de spermatozoïdes nagent à toute vitesse vers l’ovule et où le plus rapide l’emporte. Cette vision simpliste est largement répandue dans la culture populaire et les manuels scolaires. Toutefois, en réalité, le processus est bien plus complexe. Ce ne sont pas uniquement les gamètes mâles qui déterminent leur destin : l’appareil reproducteur féminin joue en effet un rôle fondamental dans leur progression et leur sélection. Contrairement à ce que l’on pense, ce n’est pas forcément le premier spermatozoïde arrivé qui féconde l’ovule. Alors, si ce n’est pas une course de vitesse, comment la fécondation se déroule-t-elle réellement ?


Comment les spermatozoïdes progressent-ils dans le corps féminin ?

Une fois déposés dans le vagin, les gamètes mâles doivent parcourir un véritable parcours du combattant à contre-courant pour atteindre l’ovule. S’ils sont bien capables de nager grâce à leur flagelle, leur progression dépend surtout des contractions de l’appareil reproducteur féminin.

Le col de l’utérus, l’utérus lui-même et les trompes de Fallope produisent en effet des mouvements qui transportent les spermatozoïdes. Ces contractions sont comparables à celles du système digestif qui aide les aliments à avancer. Une étude menée en 1996 a démontré ce phénomène : des chercheurs ont inséré de minuscules billes dans l’utérus de femmes et ont observé qu’elles atteignaient les trompes de Fallope en seulement quelques minutes, bien plus rapidement que ne pourraient le faire des gamètes par leur propre force.

Un autre facteur entre en jeu : l’ovule doit également avancer en direction opposée pour rencontrer les spermatozoïdes. Ne pouvant pas se déplacer seul, il est transporté par des cils microscopiques situés dans les trompes de Fallope qui le poussent vers l’utérus.


Une sélection naturelle impitoyable

Parmi les millions de spermatozoïdes éjaculés, seule une infime fraction parvient jusqu’à l’ovule. En effet, le système reproducteur féminin agit comme un filtre impitoyable qui élimine les moins adaptés à chaque étape.

Dès leur entrée dans le vagin, une grande partie des gamètes masculins est rejetée ou piégée dans les replis du col de l’utérus. Jusqu’à 70 % d’entre eux restent coincés et ne peuvent pas poursuivre leur progression. Ceux qui réussissent à traverser doivent encore faire face à d’autres obstacles :

  • Le système immunitaire féminin détecte les spermatozoïdes comme des cellules étrangères et en élimine une partie.
  • Le mucus cervical sélectionne ceux qui sont en bonne santé et bloque les moins mobiles ou anormaux.
  • Le microenvironnement des trompes de Fallope favorise uniquement les plus viables et élimine ceux qui présentent des défauts morphologiques.

Au final, seuls 1 à 3 % des spermatozoïdes déposés lors d’un rapport sexuel atteignent la trompe de Fallope. C’est ici qu’ils doivent attendre l’arrivée de l’ovule.


spermatozoides
Crédits : TBIT / Pixabay

L’ultime sélection : l’ovule choisit son vainqueur

Contrairement à l’image populaire du spermatozoïde qui fonce directement vers sa cible, la fécondation est un processus bien plus complexe et sélectif. Une fois arrivés dans les trompes de Fallope, les spermatozoïdes doivent subir une transformation clé, appelée capacitation, qui les rend aptes à féconder l’ovule. Ce processus modifie leur membrane cellulaire, ce qui leur permet de se préparer à la réaction acrosomique, un mécanisme qui leur permet de pénétrer la couche protectrice de l’ovule.

Cela signifie que même si un gamète arrive en premier, il peut ne pas être prêt à féconder l’ovule. C’est là que ce dernier joue un rôle actif : il sélectionne en quelque sorte le spermatozoïde qu’il laissera pénétrer. Grâce à des changements chimiques et des sécrétions dans son environnement immédiat, ce gamète femelle fait en sorte que seuls les spermatozoïdes en bonne santé, ayant subi cette capacitation et qui sont réellement mûrs au moment de l’ovulation, parviennent à fusionner avec lui.

Ce mécanisme garantit que l’ovule ne se laisse féconder que par un gamète optimal. Les spermatozoïdes moins aptes sont filtrés, et seul celui qui a été « mûri » et est en parfait état de fonctionnement pourra pénétrer l’ovule. Ainsi, ce n’est pas nécessairement le plus rapide qui l’emporte, mais celui qui est biologiquement prêt au bon moment et le plus viable.


Une course ou un entretien d’embauche pour les spermatozoïdes ?

Plutôt qu’une course de vitesse, la fécondation ressemble davantage à un entretien d’embauche avec plusieurs étapes de sélection rigoureuses. Chaque spermatozoïde doit démontrer qu’il est apte à franchir les différents obstacles et qu’il est prêt au bon moment pour fusionner avec l’ovule.

Ce processus de sélection mis en place par l’appareil reproducteur féminin permet d’optimiser les chances d’obtenir un embryon viable. Bien que ce système ne soit pas parfait (certaines maladies génétiques peuvent toujours être transmises), il augmente considérablement la probabilité de donner naissance à un individu en bonne santé. Ainsi, loin du cliché du spermatozoïde champion, c’est le corps féminin qui orchestre la fécondation et qui choisit, en dernier recours, le meilleur candidat.

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