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Néandertal : victime d’un goulot d’étranglement démographique il y a 110 000 ans

Néandertal : victime d’un goulot d’étranglement démographique il y a 110 000 ans

  • vendredi 28 février 2025
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Néandertal pourrait avoir été en voie de disparition bien plus tôt qu’on ne l’imaginait. C’est en effet ce que révèle une nouvelle étude publiée le 20 février dans la revue Nature Communications. En s’appuyant sur l’analyse d’os de l’oreille interne, les chercheurs ont mis en lumière un goulot d’étranglement démographique survenu il y a environ 110 000 ans qui a drastiquement réduit la diversité génétique de cette espèce. 


L’empreinte laissée dans les os de l’oreille interne

Un goulot d’étranglement démographique désigne une diminution soudaine de la population qui entraîne une perte de diversité génétique. Ce phénomène peut être provoqué par des facteurs comme les changements climatiques, la raréfaction des ressources, des épidémies ou des conflits. À terme, il affaiblit la capacité d’une espèce à s’adapter, augmentant ainsi son risque d’extinction.

Pour détecter ce goulot d’étranglement chez Néandertal (Homo neanderthalensis), des scientifiques se sont intéressés à une partie très spécifique du squelette : les os de l’oreille interne. Ces structures, et plus précisément les canaux semi-circulaires, jouent un rôle clé dans le maintien de l’équilibre et sont entièrement formées dès la naissance. Leur forme et leur structure sont considérées comme neutres sur le plan évolutif, ce qui signifie qu’elles ne sont pas directement influencées par la sélection naturelle. En étudiant les variations de ces canaux au fil du temps, les chercheurs peuvent ainsi remonter à des événements marquants de l’histoire démographique d’une population.

Trois périodes clés pour comprendre l’évolution des Néandertaliens

Les chercheurs ont examiné les crânes de trente Néandertaliens issus de différentes périodes : des individus datant de 430 000 ans issus du site de Sima de los Huesos en Espagne, des spécimens de Krapina, en Croatie, âgés de 120 000 ans et enfin des individus tardifs qui provenaient de France, de Belgique et d’Israël, et dataient de 64 000 à 40 000 ans.


Les résultats ont révélé une chute significative de la diversité de ces structures osseuses à partir de 110 000 ans. Cette baisse soudaine témoigne d’une réduction importante de la taille de la population et traduit un véritable goulot d’étranglement démographique bien avant leur disparition définitive, il y a environ 40 000 ans.

Ces résultats viennent conforter des hypothèses formulées par le passé. Des études génétiques avaient déjà suggéré des renouvellements de population qui auraient fragilisé les Hommes de Néandertal européens. Cependant, il reste encore des zones d’ombre, notamment concernant les populations du sud-ouest de l’Asie, comme celles de Shanidar au Kurdistan irakien, dont les crânes n’ont pas pu être analysés.

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Illustration d’un groupe de Néandertaliens autour d’un feu. Crédits : Sciencepost/généré par Grok

Les raisons du déclin de Néandertal

L’étude met en lumière la chronologie et l’ampleur de la crise démographique observée chez certaines espèces humaines anciennes, mais les causes exactes de cette crise restent encore floues. Plusieurs hypothèses sont proposées pour expliquer ce phénomène.


Une première hypothèse suggère que des changements climatiques drastiques auraient profondément modifié les écosystèmes et, par conséquent, les ressources alimentaires disponibles. Ces variations climatiques pourraient avoir réduit la disponibilité de certaines ressources essentielles à leur survie, forçant ainsi des populations humaines à s’adapter rapidement, parfois au détriment de certaines espèces.

Une autre hypothèse évoque la compétition accrue de Néandertal avec Homo sapiens, dont l’expansion en Eurasie aurait progressivement mis les autres espèces humaines sous pression. L’arrivée de nos ancêtres pourrait avoir entraîné une concurrence directe pour les ressources, les territoires de chasse et les abris, rendant la survie des autres groupes humains difficile.

En parallèle, certaines hypothèses mettent en avant les épidémies ou les maladies comme un facteur majeur de cette crise démographique. La propagation de pathogènes mortels pourrait avoir décimé des groupes humains entiers, surtout si ces populations n’avaient pas développé d’immunité contre de nouvelles maladies.


Enfin, une autre cause potentielle réside dans la fragmentation des habitats qui aurait conduit à un isolement accru des populations humaines. Ce processus de fragmentation pourrait avoir limité les échanges génétiques entre différents groupes, entraînant une baisse de la diversité génétique, et une vulnérabilité accrue aux maladies et aux changements environnementaux.

En poursuivant l’analyse de nouveaux fossiles et en croisant ces données avec les avancées en génétique, les chercheurs espèrent affiner cette chronologie et mieux comprendre les mécanismes qui ont conduit à la disparition d’H. neanderthalensis.

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