Ne jugez plus les commérages : cette étude prouve qu’ils sont bons pour vous !

Les commérages ont souvent mauvaise presse. De nombreux articles et discussions les dépeignent comme des comportements malsains, nuisibles, voire immoraux. Pourtant, si l’on gratte un peu sous la surface de cette réputation, on découvre que les commérages jouent un rôle crucial dans nos vies sociales. Bien loin d’être une simple distraction sans conséquence, ils sont en réalité un outil social fondamental, parfois même une compétence qui, lorsqu’elle est bien maîtrisée, peut renforcer les liens et faciliter les interactions humaines.

Un phénomène naturel

Pour comprendre l’importance des commérages dans nos sociétés, il faut d’abord prendre du recul et considérer leur rôle évolutif. Selon les psychologues évolutionnistes, l’intérêt pour la vie des autres n’est pas un simple défaut de caractère, mais une tendance profondément ancrée en nous. Nos ancêtres, vivant dans des groupes sociaux relativement restreints, devaient en effet être capables d’évaluer les relations et les comportements des autres pour survivre et prospérer. À l’époque, savoir qui était fiable, qui trahissait, qui était un bon allié ou un mauvais partenaire était essentiel à la cohésion du groupe.

Les commérages, à leur niveau le plus fondamental, étaient donc un moyen de transmettre ces informations cruciales. Une bonne capacité à « commérer » permettait de comprendre les dynamiques sociales, de prédire les comportements d’autrui et de se protéger des individus potentiellement nuisibles.

Les commérages dans le monde moderne : une compétence sociale

Si les ragots étaient autrefois vitaux pour la survie, ils n’ont pas disparu avec l’évolution de la société. Au contraire, ils se sont adaptés et se sont intégrés dans la plupart de nos interactions sociales modernes. Au travail, par exemple, les discussions informelles entre collègues ne sont pas seulement un moyen de passer le temps : elles servent aussi à maintenir la cohésion du groupe et à renforcer les liens de confiance. Partager des informations sur le comportement des autres permet de comprendre et d’ajuster nos attentes vis-à-vis des membres du groupe. Ces échanges peuvent être une forme d’apprentissage sur les normes et valeurs du groupe, particulièrement pour les nouveaux venus.

D’un autre côté, éviter les commérages peut entraîner un isolement social. Dans de nombreux environnements, qu’il s’agisse du lieu de travail ou de cercles sociaux plus informels, celui qui ne participe jamais aux discussions collectives ou qui se positionne comme « au-dessus » des autres risque d’être perçu comme distant, voire méprisant. Au contraire, celui qui est capable de bien naviguer dans l’univers des commérages, en restant discret et mesuré, peut s’assurer une place de choix dans son groupe social.

Un outil de régulation sociale

Les commérages ne sont pas uniquement des moyens de connecter les individus, ils servent également à réguler les comportements au sein d’un groupe. En effet, il existe une forme de contrôle social inhérent aux ragots. Selon le biologiste Robert Trivers, l’évolution a favorisé les individus capables de détecter les « tricheurs » dans leur groupe, ceux qui ne respectent pas les normes du groupe ou qui ne rendent pas la pareille dans des relations d’entraide. Les commérages permettent de signaler ces comportements et de renforcer les attentes sociales. Dans certains contextes, cela peut même entraîner l’ostracisme des « fauteurs de troubles », les poussant ainsi à s’adapter ou à quitter le groupe.

Les commérages et la célébrité : un phénomène culturel mondial

Un autre aspect fascinant des commérages est leur rôle dans notre relation avec les célébrités. D’un point de vue évolutionniste, l’intérêt pour la vie privée des autres n’est pas limité à notre cercle social immédiat. Nous étendons souvent cet intérêt aux célébrités, qui, bien que ne faisant pas directement partie de notre environnement social, captent néanmoins notre attention. En effet, la manière dont nous réagissons aux commérages concernant les célébrités pourrait bien être un reflet de notre besoin d’apprentissage social et stratégique. Les célébrités, au fond, sont perçues comme des modèles auxquels nous pouvons nous identifier, et les informations sur leurs vies personnelles peuvent nous fournir des leçons sur les dynamiques sociales et les stratégies de réussite.

Ce phénomène n’est pas nouveau. Les ancêtres humains, bien avant l’invention des médias modernes, s’intéressaient également aux figures influentes de leurs communautés. Aujourd’hui, la célébrité prend une forme nouvelle, alimentée par les médias sociaux et la culture de l’image, mais notre fascination pour la vie privée des autres reste une caractéristique profondément humaine.

Un outil social, pas une malédiction

Il est ainsi grand temps de reconsidérer les commérages. Si nous les voyons uniquement comme une forme de dénigrement ou de médisance, nous passons à côté de leur véritable fonction sociale. Ces derniers, loin d’être un vice, peuvent être une compétence essentielle dans la gestion de nos relations sociales. Ils permettent de renforcer la cohésion, de maintenir l’ordre social et de réguler les comportements au sein des groupes.

Bien sûr, comme tout outil social, les commérages peuvent être utilisés de manière toxique, par exemple pour nuire ou isoler un individu de manière injustifiée. Mais lorsqu’ils sont pratiqués de manière mesurée, ils peuvent devenir un moyen de créer des liens authentiques et de renforcer la confiance au sein des communautés.

Ainsi, au lieu de les fuir ou de les diaboliser, pourquoi ne pas apprendre à les utiliser à bon escient ?