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Même les mouches aiment s’amuser

Même les mouches aiment s’amuser

  • vendredi 14 février 2025
  • 22

Le jeu est souvent considéré comme une activité propre aux mammifères et aux oiseaux qui permet d’exercer des compétences essentielles à la survie. Mais qu’en est-il des insectes ? Une étude récente menée par des chercheurs de l’Université de Leipzig en collaboration avec l’Université de Northumbria a révélé un comportement ludique inédit chez les mouches à fruits (Drosophila melanogaster). Pour la première fois, des scientifiques ont en effet observé ces insectes interagir volontairement avec un carrousel en mouvement, ce qui remet ainsi en question nos connaissances sur le jeu dans le règne animal.


Le jeu chez les animaux : un privilège des vertébrés ?

Le jeu est une activité que l’on associe généralement aux animaux les plus intelligents. Les chiens courent après une balle, les dauphins s’amusent avec des bulles d’air et certains oiseaux, comme les corbeaux, réalisent des acrobaties en vol. Ces comportements ont longtemps été interprétés comme des signes de cognition avancée et de développement social.

Chez les insectes, le jeu n’avait en revanche jamais été démontré de manière scientifique. On considérait leur comportement comme purement utilitaire, orienté vers la survie et la reproduction. Cette nouvelle étude bouleverse toutefois cette vision en prouvant que certains insectes peuvent également interagir avec leur environnement de manière ludique sans objectif apparent immédiat.

Une expérience inédite : quand les mouches montent sur un carrousel

Pour tester l’existence d’un comportement ludique chez les mouches à fruits, les chercheurs ont conçu une expérience originale. Ils ont placé 190 mouches sous un dôme en verre d’environ un centimètre de haut, contenant un petit carrousel en mouvement. Pendant une période allant de trois à quatorze jours, les interactions des mouches avec cet objet ont été filmées et analysées grâce à un logiciel de suivi.


Les résultats ont révélé un comportement surprenant. Alors que certaines mouches évitaient le carrousel, d’autres montaient volontairement dessus et y retournaient à plusieurs reprises, malgré l’absence de récompense ou d’incitation externe. Lorsque plusieurs carrousels tournaient en alternance, certaines mouches suivaient même activement la stimulation. Cela suggère une forme de plaisir ou de curiosité, des caractéristiques des comportements ludiques chez les animaux.

L’un des défis de l’expérience était de distinguer les mouvements intentionnels des actions aléatoires. Or, les chercheurs ont pu déterminer que la majorité des mouches qui montaient sur le carrousel le faisaient de manière délibérée, et non par accident. Cela démontre donc que leur interaction avec l’objet était volontaire et non due au hasard.

mouches
Image symbolique de mouches sur un carrousel. Crédits : Dr Wolf Hütteroth

Pourquoi cette découverte est-elle importante ?

Ces résultats ouvrent de nouvelles perspectives sur l’étude du comportement animal. D’une part, ils montrent que le jeu n’est pas réservé aux vertébrés et pourrait être plus répandu qu’on ne le pensait dans le règne animal. D’autre part, ils soulèvent des questions fascinantes sur les bénéfices du jeu pour les insectes.


Chez les mammifères et les oiseaux, le jeu est souvent lié au développement cognitif, à la socialisation et à l’apprentissage. Chez les mouches, il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions définitives, mais les chercheurs envisagent plusieurs hypothèses. Ce comportement ludique pourrait contribuer au développement sensorimoteur de l’insecte, l’aider à mieux percevoir son environnement ou encore renforcer certaines connexions neuronales.

Plus largement, cette étude pourrait nous aider à mieux comprendre l’évolution du jeu et son rôle dans le développement des espèces. Le fait que des organismes aussi simples que des mouches à fruits présentent un comportement ludique suggère en effet qu’il pourrait s’agir d’une caractéristique plus fondamentale de la vie animale qu’on ne l’imaginait.

Quelles perspectives pour la recherche ?

Cette découverte soulève de nombreuses questions qui méritent d’être approfondies. Quels sont les mécanismes neuronaux et biochimiques qui poussent ces mouches à jouer ? Ce comportement est-il présent chez d’autres insectes ? Par ailleurs, peut-on observer des variations selon l’espèce ou l’environnement ?

Les chercheurs prévoient d’explorer ces pistes en analysant plus en détail les facteurs génétiques impliqués et en étendant leurs expériences à d’autres espèces d’insectes. Ces travaux pourraient également apporter des indices sur la manière dont les humains développent une conscience de leur propre corps à travers le jeu.

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