Selon une étude nord-américaine récente, le réchauffement climatique devrait causer le déclin incontrôlable d’une espèce de champignon qui protège les arbres d’une chenille ravageuse. Cette disparition annoncée serait une véritable catastrophe pour les forêts.
Un régulateur biologique en fort déclin
Ces dernières années, plusieurs travaux ont souligné une prolifération à venir des bombyx disparates (Lymantria dispar). Il s’agit d’une espèce de petits papillons de nuit, dont la chenille surnommée spongieuse s’attaque aux feuillus, principalement en Amérique du Nord, mais également en Europe. Cette multiplication s’expliquerait par le fort recul d’une espèce fongique originaire du Japon : l’Entomophaga maimaiga.
Le fait est que depuis des décennies, ce champignon joue un rôle protecteur face aux chenilles. En effet, il infecte mortellement les insectes et les empêche de se multiplier en trop grand nombre, préservant ainsi les feuilles des arbres. Autrement dit, l’Entomophaga maimaiga est considéré comme étant un régulateur biologique.
Malheureusement, si le champignon est très à l’aise sous un climat frais et humide, il éprouve de sérieuses difficultés à survivre sous un climat chaud et sec. Or, dans un contexte de réchauffement climatique de plus en plus alarmant, le déclin de cette espèce dans diverses forêts du globe pourrait engendrer une réaction en chaine catastrophique.

Une possible déforestation massive à éviter
Greg Dwyer, professeur d’écologie et d’évolution à l’Université de Chicago (États-Unis) est à l’origine d’une étude parue dans la revue Nature Climate Change le 6 janvier 2025. L’objectif de ces travaux était de démontrer les effets du réchauffement climatique sur la capacité d’Entomophaga maimaiga à réguler les populations de ravageurs et notamment les chenilles du bombyx disparate. Selon les résultats, les taux d’infection fongique vont chuter au cours des prochaines décennies, si bien que davantage de chenilles survivront.
Selon les scientifiques, les projections antérieures étaient déjà pessimistes, mais la réalité à venir semble encore plus préoccupante. En cause, un impact du réchauffement climatique probablement sous-estimé en plus d’un manque de considération quant aux répercussions sur les rapports interespèces. Les chercheurs ont en effet rappelé que la majorité des études portant sur le changement climatique s’intéressent chaque fois à une seule espèce ou un seul groupe d’espèces.
Les scientifiques insistent ainsi sur l’importance d’empêcher une possible déforestation massive en lien avec la prolifération des chenilles. Sans surprise, cela peut passer par l’utilisation de pesticides et d’autres produits de régulation biologique, et si certains sont d’ores et déjà utilisés, les données manquent en ce qui concerne les éventuelles pollutions liées à leur emploi.