L’évolution des mammifères est une histoire fascinante marquée par des ajustements et des stratégies de survie incroyables. Une étude menée par des chercheurs de l’Université de Gand, en Belgique, nous dévoile un aspect étonnant de ces créatures anciennes : les premiers mammifères préhistoriques possédaient une fourrure sombre, probablement utilisée pour se fondre dans l’ombre et échapper à la vue des prédateurs géants. Cette découverte, qui a fait l’objet d’une publication dans la revue Science, vient ajouter une nouvelle dimension à notre compréhension de l’évolution des mammifères et de leurs premières années sur Terre.
Les premiers mammifères : des survivants de l’ombre
Les mammifères ont évolué il y a environ 300 millions d’années à partir d’un groupe de reptiles appelés synapsides. Cependant, pendant la majeure partie de l’ère mésozoïque (252 à 66 millions d’années), ils sont restés discrets et de petite taille et vivaient dans un monde dominé par les dinosaures. Contrairement aux énormes reptiles qui régnaient sur la terre et les airs, ces premiers mammifères avaient adopté une stratégie de survie bien différente : celle de la furtivité.
Leur petite taille leur permettait de se faufiler dans des terriers ou des crevasses pour échapper aux prédateurs. Leur régime alimentaire était varié, allant des insectes aux petits animaux, et certains développèrent même des adaptations leur permettant de grimper aux arbres ou de glisser d’une branche à l’autre. Surtout, nos ancêtres doivent leur survie à un mode de vie nocturne, à l’abri des grands dinosaures qui étaient principalement diurnes.
Cette adaptation à la vie nocturne est aujourd’hui soutenue par de nombreuses études. L’examen des structures osseuses des crânes de certains mammifères préhistoriques révèle qu’ils avaient des sens développés, en particulier l’ouïe et l’odorat, caractéristiques typiques des animaux vivant la nuit. Toutefois, si ces mammifères vivaient dans l’obscurité pour éviter les prédateurs, une question reste en suspens : à quoi ressemblaient-ils ? Dans le cadre d’une étude récente, des chercheurs se sont intéressés à leur pelage.

Une technique scientifique innovante
Pour la première fois, des chercheurs ont utilisé une technique novatrice pour analyser les mélanosomes, de petites structures qui renferment les pigments responsables des couleurs dans la fourrure. En étudiant les fossiles de six mammifères primaires qui ont vécu entre 120 et 167 millions d’années, les chercheurs ont pu reconstituer la couleur de leur pelage.
L’une des découvertes majeures de cette étude est que les premiers mammifères n’arboraient pas des couleurs vives comme celles que l’on peut observer chez certains animaux modernes. Au contraire, leur pelage était principalement sombre, oscillant entre des nuances de gris et de brun. Pourquoi cette couleur sombre ? La réponse semble évidente : leur pelage foncé leur permettait de se fondre dans l’obscurité. Ces travaux confirment ainsi une fois de plus que les premiers mammifères étaient principalement adaptés à une vie nocturne.
Quelques limites malgré tout
Bien sûr, cette étude ne fait que toucher un aspect de l’histoire des mammifères préhistoriques. Elle se base sur un nombre limité de fossiles et il est possible que certains autres mammifères de cette époque aient possédé des couleurs de fourrure plus variées. Il est également important de noter que ces recherches se concentrent sur des espèces de petite taille, comme des rongeurs et des musaraignes, qui étaient particulièrement vulnérables aux prédateurs. D’autres mammifères plus grands, qui évoluaient peut-être dans des niches écologiques différentes, pourraient avoir eu un pelage plus lumineux ou des motifs distinctifs. Il est donc probable que de futures découvertes révèlent de nouvelles informations sur la diversité des couleurs chez les mammifères anciens.