L’histoire de la vie sur Terre est marquée par des interactions complexes entre les espèces. Récemment, des chercheurs ont par exemple révélé que l’évolution des cigales géantes, des insectes fascinants, pourrait avoir été fortement influencée par l’émergence d’oiseaux prédateurs. Cette découverte, publiée dans la revue Science Advances, jette un nouvel éclairage sur l’évolution des ailes et des capacités de vol des insectes au cours de l’ère mésozoïque.
Une étude révélatrice sur les cigales géantes
Les cigales géantes appartenant aux familles Dunstaniidae et Palaeontinidae sont des insectes qui existent depuis environ 160 millions d’années. Leurs fossiles sont bien préservés, offrant ainsi un aperçu précieux de leur anatomie et de leur évolution. Ces cigales se distinguent par leurs grandes ailes qui peuvent parfois atteindre près de quinze centimètres d’envergure, ce qui les rend idéales pour l’étude de l’évolution du vol chez les insectes.
Dans le cadre d’une étude, une équipe de chercheurs a analysé l’évolution des cigales géantes pendant l’ère mésozoïque, une période marquée par une grande diversité de formes de vie. Ces recherches ont révélé que ces insectes avaient augmenté leur vitesse de vol de 39 % et leur masse musculaire de vol de 19 % par rapport à leurs ancêtres du Jurassique supérieur. Ce développement rapide pourrait être une réponse à la pression exercée par de nouveaux prédateurs, notamment les oiseaux.
Pour comprendre ces évolutions, les chercheurs ont examiné 80 espèces de cigales géantes, en cartographiant 300 points de données sur la structure de leurs ailes. Cette analyse a permis d’identifier des modifications significatives dans la forme et la taille des ailes, suggérant que les cigales avaient développé des ailes plus longues et plus fines. Cela aurait permis aux cigales non seulement de voler plus vite, mais aussi de réaliser des virages plus serrés et d’effectuer des manœuvres plus complexes. Mais pour quoi faire ?

La prédation : un moteur de l’évolution
À l’ère mésozoïque, alors que les oiseaux émergeaient en tant que prédateurs aériens, les cigales ont dû faire face à une nouvelle menace. Ces oiseaux, dont beaucoup étaient de la taille de petits moineaux, étaient en effet spécialement adaptés pour chasser des insectes en vol, augmentant ainsi la pression de sélection sur les cigales géantes. Selon les chercheurs, ces dernières auraient alors développé des adaptations morphologiques qui leur ont permis d’améliorer leur vitesse de vol et leur capacité à manœuvrer en réponse à cette prédation accrue.
L’évolution des cigales géantes ne se limite pas à une simple amélioration de leur capacité de vol. Elle a également des implications écologiques profondes. En devenant plus rapides et plus agiles, ces insectes ont pu occuper des niches écologiques variées. Leur capacité à échapper à la prédation leur a permis de prospérer dans divers habitats, contribuant ainsi à la biodiversité de l’époque mésozoïque.
De plus, les cigales géantes ont pu influencer par leur présence le comportement des oiseaux prédateurs, contraints d’adapter leurs propres stratégies de chasse. Par exemple, ils auraient pu devenir plus rapides ou plus astucieux pour attraper ces insectes qui avaient développé des moyens d’évasion. Ce phénomène est un excellent exemple de coévolution où deux espèces interagissent de manière à influencer l’évolution de l’autre.