Pourquoi la majorité des gens sont-ils droitiers ? Cette question, qui intrigue depuis longtemps, soulève un mystère biologique et évolutif. Une équipe de chercheurs proposent une nouvelle hypothèse : celle du combat modifié.
L’hypothèse du combat et la latéralité humaine : Pourquoi les droitiers dominent-ils ?
L’hypothèse du combat de la latéralité humaine proposait que les gauchers persistent dans les populations humaines en raison d’un avantage spécifique au combat, notamment dû à sa rareté chez les individus. Concrètement, cette rareté offrait un avantage stratégique dans les affrontements, particulièrement dans les sociétés préhistoriques composées majoritairement de droitiers.
En conséquence, les gauchers bénéficiaient donc d’un certain gain en termes de survie et de reproduction, ce qui permettrait à cette caractéristique de perdurer au fil des générations.
Cependant, cette théorie avance également que le fait d’être gaucher, en tant que trait rare, devait forcément être associée à un désavantage pour la santé. Autrement, dit, si les droitiers étaient plus nombreux, ce n’était donc pas nécessairement en raison d’un avantage particulier de la latéralité droite, mais plutôt du coût associé au fait d’être gaucher. L’avantage au combat aurait donc seulement permis aux concernés de persister dans la population.
Le problème de cette approche est que les études modernes ont montré que les gauchers ne souffrent pas spécialement de problèmes de santé plus graves que les droitiers, ce qui rend cette hypothèse partiellement obsolète.
La mise à jour de l’hypothèse du combat
Face à l’échec de la théorie initiale, un groupe de chercheurs des Universités de Lund, en Suède, et de Chester, au Royaume-Uni, a proposé une version révisée de l’hypothèse. Dans une étude publiée dans la revue Symmetry, les scientifiques soutiennent que les droitiers ont en réalité bel et bien bénéficié d’un avantage au combat tout au long de l’histoire humaine, ce qui expliquerait leur prédominance dans la population actuelle.
Concrètement, la théorie suggère que les gauchers, bien qu’ils aient pu bénéficier d’un certain avantage en situation de combat (en raison de la surprise qu’ils offraient à leurs adversaires, non habitués à se battre contre eux), étaient en réalité plus exposés.
Pour rappel, environ les trois quarts du cœur humain sont situés dans la moitié gauche de la poitrine, ce qui rend cette zone particulièrement vulnérable aux coups mortels lors des combats à l’arme blanche, par exemple.
Lorsqu’un combattant utilise sa main gauche pour tenir son arme, son côté gauche, et donc son cœur, est exposé à l’ennemi. En revanche, un droitier, en tenant son arme avec sa main droite, oriente son côté droit vers l’adversaire, préservant ainsi son cœur. Cette différence anatomique donnerait donc un avantage aux droitiers, les protégeant mieux des coups mortels.
En plus de cela, un droitier peut utiliser son bras gauche libre pour parer ou dévier les attaques, un avantage supplémentaire qui aurait favorisé la survie des droitiers dans des combats violents.

Vers une stabilisation
En d’autres termes, les premiers ancêtres droitiers, préférant utiliser le membre antérieur droit au combat, présentaient peut-être un risque moindre de blessure mortelle et un avantage au combat. Ceci expliquerait leur plus grande fréquence. L’effet de surprise dont bénéficiaient les gauchers n’expliquerait seulement que la persistance de ces derniers dans la population.
Avec la disparition des combats à l’arme blanche comme facteur évolutif, la théorie suggère que la proportion de gauchers dans les sociétés modernes devrait néanmoins se stabiliser, voire augmenter. En effet, des études montrent que la proportion de gauchers a augmenté au 20e siècle, bien qu’on ignore si ce phénomène est dû à des facteurs génétiques ou culturels.
Il est important de souligner que cette révision de l’hypothèse du combat, bien qu’elle soit fascinante, reste encore largement spéculative. Elle repose en effet sur des hypothèses anatomiques et des observations comportementales, mais les chercheurs s’accordent à dire que cette explication n’est pas encore prouvée. Les données sont convaincantes, mais d’autres recherches seront nécessaires pour valider cette hypothèse et mieux comprendre l’origine de la prédominance des droitiers dans la population humaine.