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Les chimpanzés aussi se réconcilient sur l’oreiller

Les chimpanzés aussi se réconcilient sur l’oreiller

  • jeudi 6 mars 2025
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Et si au-delà de la simple reproduction, le sexe avait une fonction bien plus sociale chez les primates et même chez les humains ? Une étude récente menée par l’Université de Durham sur les chimpanzés et les bonobos pourrait bien bouleverser nos idées reçues sur la façon dont les primates gèrent leurs conflits sociaux. Ces recherches montrent en effet que tout comme leurs cousins bonobos, les chimpanzés utilisent également le sexe pour apaiser les tensions et rétablir l’harmonie au sein de leur groupe social. Loin d’être anecdotique, ce comportement pourrait même remonter à notre dernier ancêtre commun avec ces primates, il y a environ six millions d’années.


Le sexe comme lien social : une spécificité chez les primates

Chez les bonobos, il est bien connu que les coïts ne sont pas réservés à la reproduction, mais jouent un rôle majeur dans la résolution des conflits sociaux. Ces primates souvent perçus comme pacifiques utilisent en effet le sexe de manière fréquente pour apaiser les tensions, maintenir la cohésion du groupe et établir des liens. Une étude récente révèle désormais que les chimpanzés, souvent considérés comme plus agressifs et hiérarchisés, partagent également un aspect fondamental de ce comportement. En période de stress ou après un conflit, nos cousins les plus proches se livrent ainsi à des actes sexuels tels que le frottement génital ou des montées qui ont pour objectif de restaurer la paix au sein du groupe.

Une observation sur le terrain

Pour mener cette étude, les chercheurs ont observé pendant plus de 1 400 heures sur une période de sept mois, 53 bonobos et 75 chimpanzés vivant dans des sanctuaires en République Démocratique du Congo et en Zambie. Ces observations ont permis d’analyser une variété de comportements sexuels qui vont bien au-delà de la simple reproduction.

Les chercheurs ont noté des comportements tels que le contact génital (avec la main ou le pied), le frottement mutuel des parties génitales et même des comportements plus complexes comme le tremblement des testicules chez les chimpanzés mâles. Ils ont également observé des contacts oraux génitaux, pratiqués par les deux espèces, dans un contexte de gestion du stress. Toutefois, ce qui ressort de cette étude est la fréquence avec laquelle ces comportements sont observés avant les repas, ce qui suggère qu’ils jouent un rôle dans la dynamique sociale du groupe, et non seulement dans le cadre de la reproduction.


Il est intéressant de noter que contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’âge n’était pas un facteur déterminant pour l’apparition de ces comportements sexuels de réconciliation. Cependant, les chimpanzés plus âgés étaient plus enclins à adopter ce type de comportement avant les repas. Les relations de parenté ont aussi joué un rôle important : les chimpanzés non apparentés étaient plus susceptibles d’adopter ce comportement, ce qui suggère que la réconciliation sexuelle est un acte social appris et partagé au sein du groupe.

bonobos chimpanzés
Deux bonobos en plein accouplement. Crédits : USO/iStock

Un héritage évolutif commun ?

L’étude, publiée dans la revue Royal Society Open Science, a des implications majeures pour la compréhension de l’évolution des comportements sociaux chez les humains. En observant que les chimpanzés et les bonobos utilisent le sexe comme un moyen de résoudre des conflits sociaux, les chercheurs suggèrent que cette pratique pourrait avoir été présente chez notre dernier ancêtre commun qui vivait il y a environ six millions d’années. En d’autres termes, cette utilisation du sexe comme outil social serait un héritage ancien partagé entre les humains, les bonobos et les chimpanzés.

Les chercheurs notent également que ce comportement pourrait avoir des répercussions sur notre propre société. Chez l’humain, le sexe joue bien sûr un rôle important dans les relations intimes, mais il pourrait également être un moyen de gérer le stress, de renforcer les liens sociaux et de maintenir la cohésion dans les groupes. Cette perspective sur le sexe en tant qu’outil social rappelle que chez les primates, il ne se limite pas à une simple fonction reproductrice.

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