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Le prochain effet Spoutnik sera-t-il réalisé en Chine ?

Le prochain effet Spoutnik sera-t-il réalisé en Chine ?

  • vendredi 7 février 2025
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En 1957, le lancement du satellite Spoutnik par l’Union soviétique prit les États-Unis de court et marqua le début d’une intense course à l’espace. Cet événement historique provoqua un sursaut stratégique et technologique aux États-Unis qui conduisit à la création de la NASA et au programme Apollo qui permit aux Américains de poser le pied sur la Lune en 1969. Aujourd’hui, la scène spatiale mondiale connaît une dynamique similaire impliquant cette fois la Chine qui semble en passe de provoquer un nouvel effet Spoutnik en mettant au défi les ambitions américaines sur la Lune. La question est donc posée : la Chine est-elle sur le point de devancer les États-Unis dans cette nouvelle course lunaire ?


Une nouvelle course lunaire : États-Unis vs Chine

L’exploration de la Lune est devenue un enjeu crucial du vingt et unième siècle, tant sur le plan scientifique que géopolitique et économique. Alors que les États-Unis misent sur le programme Artemis pour renvoyer des astronautes sur la Lune d’ici la fin de la décennie, la Chine avance à grands pas avec un plan stratégique ambitieux.

Le programme Artemis prévoit de poser des astronautes sur la Lune d’ici 2026-2027 avec l’objectif à long terme d’établir une présence durable sur notre satellite naturel. Cependant, des retards persistent, notamment sur l’atterrisseur lunaire Starship de SpaceX et sur les combinaisons spatiales. En parallèle, la Chine prévoit d’envoyer ses premiers taïkonautes sur la Lune avant 2030, et pourrait potentiellement y parvenir avant Artemis si les États-Unis continuent à rencontrer des difficultés.

Pourquoi la Chine pourrait-elle prendre l’avantage ?

Le programme spatial chinois se distingue par sa stabilité et sa cohérence stratégique. Contrairement aux États-Unis où chaque administration peut modifier les priorités de la NASA, la Chine suit une trajectoire fixe, définie par des plans quinquennaux qui garantissent une continuité sans perturbation politique. Ce progrès est soutenu par un financement massif et stable, contrairement à la NASA, dont le budget dépend du Congrès. En Chine, le processus décisionnel est plus rapide et centralisé, sans les lourdeurs administratives américaines comme les longues autorisations de la FAA pour chaque lancement.


Pékin mise aussi sur une synergie entre secteur public et entreprises privées comme iSpace ou Galactic Energy, ce qui accélère l’innovation. Si Artemis repose également en partie sur des entreprises privées comme SpaceX et Blue Origin, cette collaboration implique également des délais dus aux problèmes de certification et de régulation. La FAA impose en effet des contraintes réglementaires qui ralentissent les tests et les lancements.

combinaisons Chine Lune
Crédits : 3DSculptor/istock

Les enjeux géopolitiques et économiques d’un leadership lunaire

La conquête lunaire dépasse largement la simple question de prestige national. Elle revêt une dimension stratégique et économique majeure, notamment en raison des ressources qu’elle recèle. L’une des plus précieuses est la glace d’eau présente aux pôles qui pourrait être transformée en oxygène et en hydrogène pour produire du carburant, ce qui faciliterait ainsi l’exploration du Système solaire. Celui qui contrôlera ces ressources disposera d’un avantage crucial pour les futures missions vers Mars et au-delà.

Si la Chine prend une longueur d’avance en établissant une présence permanente sur la Lune, elle pourrait imposer ses propres règles du jeu. À l’image des Nouvelles routes de la soie où Pékin a utilisé des investissements massifs pour renforcer son influence, une domination chinoise sur la Lune pourrait marginaliser les normes occidentales et remodeler la gouvernance de l’espace à son avantage.


Par ailleurs, les traités internationaux sur l’espace, comme le Traité de l’Espace de 1967, interdisent la revendication de territoires lunaires, mais ils restent flous sur l’exploitation des ressources. Sans un leadership affirmé des États-Unis et de leurs alliés, la Chine pourrait créer un précédent en établissant des bases et en revendiquant l’exclusivité de certaines zones stratégiques.

Enfin, un échec américain dans cette nouvelle course spatiale aurait des conséquences bien au-delà du secteur aérospatial. Il affaiblirait la position des démocraties occidentales face à une Chine en pleine ascension qui consoliderait alors son statut de superpuissance technologique et géopolitique du vingt et unième siècle.

Comment les États-Unis peuvent-ils réagir ?

Face à la montée en puissance du programme spatial chinois, les États-Unis doivent réagir rapidement et mettre en place une stratégie efficace pour préserver leur leadership. Plusieurs axes d’action sont essentiels. L’un des principaux freins au développement spatial américain est la lourdeur administrative. La Federal Aviation Administration (FAA) impose des réglementations strictes qui ralentissent les processus d’approbation des vols, des tests et des lancements. Une réforme pour accélérer les validations tout en maintenant des standards de sécurité élevés serait un atout majeur pour stimuler l’innovation et la compétitivité du secteur spatial américain.


Le budget de la NASA est également soumis aux fluctuations des cycles politiques américains, ce qui rend une planification à long terme difficile. Pour rivaliser avec la stratégie cohérente et stable de la Chine, il est essentiel d’augmenter et de stabiliser les financements en assurant une continuité des programmes spatiaux indépendamment des changements d’administration.

Enfin, un effort massif doit être consenti pour développer des technologies de propulsion avancées, des systèmes d’exploitation des ressources lunaires et des infrastructures orbitales. Ces innovations permettront de réduire les coûts, d’augmenter l’efficacité des missions et d’ouvrir la voie à une présence durable sur la Lune.

Quoi qu’il en soit, une réponse rapide et coordonnée sera indispensable du point de vue américain. Si les États-Unis tardent à s’adapter, la Chine pourrait bien prendre une avance décisive qui redéfinirait l’équilibre des puissances dans l’ère de la conquête spatiale.

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