Depuis des siècles, l’humanité est captivée par les créatures mystérieuses qui échappent à toute explication rationnelle. Parmi les cryptides les plus fascinants, le Mokele-Mbembe, un supposé dinosaure vivant dans le bassin du Congo, fait rêver les aventuriers et les scientifiques amateurs. Décrit comme une créature immense, semblable à un sauropode préhistorique, ce « monstre » des marais est régulièrement signalé par les habitants locaux et les explorateurs. Mais derrière ces récits de « dinosaures vivants », que se cache-t-il réellement ?
L’émergence du mythe du mokele-mbembe
Le mythe du Mokele-Mbembe prend racine dans les traditions orales des peuples bantous vivant dans les régions reculées du Congo. Selon les récits, ce « monstre » à la silhouette imposante et au long cou arpente les marais et les rivières du bassin du Congo, échappant à l’œil des Hommes. Les descriptions de la bête évoquent un animal d’une taille gigantesque, comparable à un hippopotame, un rhinocéros ou même un éléphant, se mouvant lentement dans les eaux stagnantes de la forêt tropicale.
Mais c’est au début du 20e siècle que le mokele-mbembe devient véritablement une légende connue en Occident. En effet, à cette époque, l’exploration de l’Afrique est en plein essor, et de nombreux Européens sont fascinés par l’idée que ce continent mystérieux puisse encore abriter des créatures préhistoriques oubliées.
Des récits comme ceux du naturaliste Henry Francis dans Le Dernier repaire du dinosaure (1908) renforcent cette image d’une faune africaine regorgeant de créatures aussi étonnantes que des dinosaures vivants. Des expéditions prestigieuses, telles que celle menée par le président américain Teddy Roosevelt au début des années 1910, alimentent aussi ce fantasme d’animaux inconnus. L’idée que des créatures de l’ère des dinosaures aient survécu jusqu’à aujourd’hui, cachées dans les forêts denses du Congo, captive l’imaginaire des chercheurs et du grand public.

Une simple méprise ?
Cependant, la réalité derrière ces observations est probablement bien plus terre-à-terre. De nombreux experts, tout en reconnaissant la fascinante dimension légendaire du Mokele-Mbembe, suggèrent en effet que ces récits ne sont que des malentendus et des erreurs d’identification. Loren Coleman, directeur du Musée international de cryptozoologie, avance que les témoins, qu’ils soient locaux ou étrangers, ont pu confondre le mokele-mbembe avec des animaux déjà connus, mais mal compris.
Parmi les explications les plus plausibles figure celle de l’hippopotame nain, une espèce qui vit dans les marécages du Congo. En raison de sa taille imposante et de son comportement semi-aquatique, cet animal pourrait facilement être pris pour un « dinosaure vivant », notamment par des explorateurs n’ayant pas une connaissance approfondie de la faune locale.
De même, des crocodiles géants ou des rhinocéros aquatiques, bien réels et parfaitement adaptés à leur environnement, pourraient également être responsables de certaines observations. Il n’est pas rare que des animaux de grande taille, en particulier ceux qui vivent dans des environnements inaccessibles, soient mal identifiés par des personnes ne connaissant pas les subtilités de l’écosystème local.
D’autres chercheurs, tels que le paléozoologue Darren Naish, émettent l’hypothèse que certains récits pourraient concerner des tortues à carapace molle ou des serpents géants, des animaux parfaitement connus mais souvent mal compris par les observateurs extérieurs. Ces créatures, qui évoluent dans des milieux aquatiques et se déplacent lentement, sont susceptibles de susciter des confusions, particulièrement dans un environnement aussi mystérieux que le bassin du Congo.
Les observations récentes pourraient de leur côté s’expliquer par la déforestation croissante du bassin du Congo, exposant davantage les animaux de leurs habitats. Entre 2002 et 2023, la République démocratique du Congo aurait en effet perdu près de 10 % de sa couverture forestière et 6,6 % de sa forêt primaire humide, selon Global Forest Watch.