En 79 après J.-C., l’éruption catastrophique du Vésuve a détruit les villes romaines de Pompéi et d’Herculanum, ensevelissant des milliers de vies sous des couches de cendres et de lave. Les corps retrouvés au fil des siècles ont généralement été réduits à des squelettes, mais une découverte récente a révélé quelque chose d’inattendu : le cerveau d’un jeune homme, transformé en verre, a été préservé de manière exceptionnelle. Comment est-ce possible ?
La tragédie d’Herculanum
Herculanum, située à environ dix-sept kilomètres de Pompéi, fut tout comme sa voisine, engloutie par l’éruption du Vésuve. Alors que Pompéi a été recouverte par des couches de cendres, Herculanum a subi un sort encore plus terrifiant : des coulées pyroclastiques, des nuages brûlants de gaz et de cendres à des températures extrêmes ont dévasté la ville en un instant. Les habitants ont été piégés et beaucoup ont succombé à cette chaleur intense.
En 2020, une équipe de chercheurs a fait une découverte stupéfiante : un crâne retrouvé dans les ruines d’Herculanum contenait une matière noire et brillante qui ressemblait à de l’obsidienne, mais qui, après analyse, s’est avérée être du verre organique, formé par des conditions extrêmes. Ce matériau n’avait jamais été observé auparavant dans des tissus humains. Il s’agit d’une transformation chimique inédite : le cerveau de cet homme avait été vitrifié par la chaleur intense de l’éruption.
Le phénomène de la vitrification
La vitrification (ou la formation de verre à partir de matières organiques) est un phénomène très rare. Le verre se forme en effet habituellement lorsqu’une substance se refroidit extrêmement rapidement après avoir été chauffée à des températures très élevées, ce qui empêche la formation de cristaux. Dans le cas de cet homme, les chercheurs ont toutefois découvert que les conditions particulières de l’éruption du Vésuve avaient créé ces circonstances exceptionnelles.
Le cerveau de cet homme a été exposé à des températures supérieures à 510 °C, bien au-delà de la température de l’éruption qui atteignait 465 °C. Ce nuage mortel de cendres chaudes a peut-être duré quelques instants, mais c’était suffisant pour chauffer le tissu cérébral à la température nécessaire à sa vitrification avant que le refroidissement rapide ne se produise, formant ainsi du verre.

Le mystère du jeune homme
La découverte de ce jeune homme allongé dans son lit, dans une maison du centre-ville d’Herculanum, ajoute ainsi une touche de mystère à l’histoire. Pourquoi n’a-t-il pas fui comme les autres habitants ? Était-il ivre, mourant ou simplement détendu dans son sommeil lorsqu’il a été pris par la vague de chaleur ? Bien que nous ne puissions jamais connaître la réponse exacte, le fait qu’il ait été retrouvé dans une position si calme suggère qu’il n’a pas cherché à échapper au danger, ce qui pourrait être une des raisons pour lesquelles certaines parties de son cerveau ont survécu à la chaleur intense.
L’étude est publiée dans la revue Scientific Reports.