La Chine a récemment annoncé que son moteur à détonation oblique (ODE) avait atteint une capacité opérationnelle de Mach 16 lors de tests en laboratoire, une avancée spectaculaire du domaine du vol hypersonique. Cette performance inédite marque un tournant dans la technologie des moteurs hypersoniques et ouvre la voie à des applications militaires et civiles qui pourraient transformer l’aviation du futur.
Le moteur hypersonique chinois : une prouesse technique
Récemment développé par la Chine, le moteur à détonation oblique (ODE) marque une avancée décisive dans le domaine des moteurs hypersoniques. Ce moteur se distingue des moteurs à statoréacteur classiques par son approche unique pour atteindre des vitesses extrêmes. Tandis qu’un moteur à statoréacteur fonctionne en comprimant et en chauffant l’air pour le brûler dans une chambre de combustion, l’ODE repose sur l’utilisation des ondes de détonation obliques. Ces ondes sont créées lorsque l’air est comprimé à des vitesses extrêmement élevées, générant une détonation contrôlée qui stimule la combustion de manière bien plus rapide et stable.
L’un des principaux défis du vol hypersonique est de maintenir une combustion stable et efficace à des vitesses dépassant Mach 5. À ces vitesses, les moteurs traditionnels peuvent perdre leur stabilité en raison des fortes chaleurs et de la compression rapide de l’air. C’est là que l’ODE fait la différence : il utilise la détonation, un phénomène où les gaz sont brûlés plus rapidement, jusqu’à 1 000 fois plus vite que dans un moteur classique. Cela permet au moteur de rester stable même à des vitesses incroyablement élevées où les moteurs traditionnels risquent d’éteindre leur combustion.
Pour atteindre cette performance, les scientifiques ont utilisé une méthode innovante qui consiste à précomprimer le carburant, le kérosène RP-3, à des températures extrêmement élevées (environ 3 527 °C), ce qui permet de garantir que la combustion reste active et efficace, même à des vitesses hypersoniques.
Des tests prometteurs
Un tunnel de choc est un outil fondamental pour les tests hypersoniques qui permet de reproduire les conditions de vol à des vitesses extrêmes. Le JF-12, utilisé par les scientifiques de l’Académie chinoise des sciences (CAS), est l’un des plus grands et des plus avancés au monde. Grâce à ce tunnel, les chercheurs ont pu simuler les conditions réelles d’un vol hypersonique et observer les performances du moteur dans des circonstances proches de celles rencontrées en altitude.
Lors des tests, ce moteur aurait démontré sa capacité à atteindre des vitesses impressionnantes de Mach 16, soit environ 19 756 km/h. Pour mettre cela en perspective, cela représente plus de quinze fois la vitesse d’un avion de ligne commercial qui vole généralement autour de Mach 0,85. Cette vitesse dépasse ainsi largement les limites de vol actuelles et ouvre de nouvelles perspectives pour les véhicules aériens capables de voyager à des vitesses qui étaient jusque-là considérées comme irréalisables. La Chine souhaite désormais développer un avion hypersonique capable de voler à Mach 16 d’ici 2030.

Des implications militaires et stratégiques
Cette découverte a des implications majeures pour les capacités militaires de la Chine. En effet, avec un moteur capable d’atteindre Mach 16, la Chine pourrait renforcer son arsenal d’armements hypersoniques, notamment avec des missiles, des drones et des avions de combat capables de voler à des vitesses qui dépassent celles des aéronefs conventionnels. Ces avancées viennent s’ajouter à un contexte global où les États-Unis et la Russie développent également des technologies hypersoniques, mais la Chine semble faire des progrès particulièrement rapides dans ce domaine.
Ce projet pourrait révolutionner le secteur civil. Si cette technologie devient opérationnelle, elle pourrait en effet permettre de réduire considérablement les temps de trajet internationaux. Par exemple, un vol commercial entre Pékin et New York pourrait durer moins de 60 minutes. Cependant, des défis techniques importants demeurent, notamment pour la gestion de la chaleur générée à de telles vitesses et pour la stabilité à long terme du moteur.