PIA AFRICA
Rechercher
Ajouter
L’AMOC va-t-il vraiment s’effondrer ? Une étude va à contre-courant des sombres prédictions

L’AMOC va-t-il vraiment s’effondrer ? Une étude va à contre-courant des sombres prédictions

  • vendredi 17 janvier 2025
  • 24

La circulation méridienne de retournement de l’Atlantique (AMOC) est l’un des plus importants systèmes océaniques. Souvent comparé à une gigantesque courroie de transport, ce courant distribue la chaleur, les nutriments et l’énergie à travers les océans. Depuis plusieurs mois, l’AMOC est au centre de nombreuses inquiétudes. Initié par le changement climatique, son supposé effondrement aurait en effet des conséquences graves pour l’ensemble de la planète. Une étude récente vient cependant chambouler certaines prévisions pessimistes. 


Qu’est-ce que l’AMOC et pourquoi est-il essentiel ?

Les océans ne sont pas de simples masses d’eau immobiles ; ils sont animés par des courants complexes qui régulent le climat de la Terre en redistribuant chaleur, humidité et énergie. Retrouvé dans l’Atlantique, l’AMOC est l’un de ces systèmes. Concrètement, l’AMOC transporte les eaux chaudes des tropiques vers les régions nordiques où elles refroidissent, deviennent plus denses et plongent dans les profondeurs avant de retourner vers le sud. Ce cycle influence directement des phénomènes météorologiques à travers le globe : des tempêtes hivernales en Europe aux moussons en Afrique de l’Ouest.

Son rôle ne s’arrête pas là. En redistribuant les nutriments et en absorbant une partie du dioxyde de carbone atmosphérique, l’AMOC participe également à la régulation des écosystèmes marins et du cycle du carbone.

Les inquiétudes : le spectre d’un effondrement

Depuis plusieurs décennies, les scientifiques alertent sur les risques liés à un ralentissement ou un effondrement de l’AMOC. Ces craintes sont principalement liées à la fonte accrue des calottes glaciaires au Groenland et en Antarctique qui libère de grandes quantités d’eau douce dans l’océan Atlantique. Cette eau douce, moins dense que l’eau salée, menace alors de perturber la plongée des eaux froides qui retournent vers le sud, ce qui pourrait entraîner un ralentissement de l’ensemble du système de circulation.


Or, un ralentissement de l’AMOC pourrait entraîner des bouleversements majeurs : des hivers plus rigoureux en Europe, une élévation du niveau de la mer sur la côte est des États-Unis ou encore des sécheresses prolongées en Afrique. Si ce ralentissement se transforme en effondrement, ces conséquences seraient amplifiées, ce qui menacerait directement les équilibres climatiques mondiaux.

Jusqu’à récemment, des études basées sur la température de surface des océans suggéraient que l’AMOC avait déjà commencé à ralentir. Néanmoins, bien que largement utilisées, ces méthodes présentent des limites que les chercheurs tentent aujourd’hui de surmonter.

Les nouveaux résultats : une stabilité inattendue

Une équipe de scientifiques de la Woods Hole Oceanographic Institution (WHOI) a décidé de réévaluer l’état de l’AMOC en s’appuyant sur des méthodes innovantes. Au lieu de se limiter aux données de température de surface, ils ont utilisé une autre mesure : les flux de chaleur air-mer. Ces flux, qui correspondent à l’échange de chaleur entre l’océan et l’atmosphère, sont directement liés à l’activité de l’AMOC.


En analysant ces données sur plusieurs décennies, de 1963 à 2017, les chercheurs ont constaté que l’AMOC n’avait pas diminué. Cette résultante contraste fortement avec les études précédentes et offre une perspective plus optimiste. D’après les auteurs, l’AMOC semble actuellement plus stable que prévu, ce qui pourrait indiquer qu’il n’est pas aussi proche d’un point de basculement que redouté. Cependant, cette étude ne prédit pas l’avenir. Les chercheurs soulignent que malgré cette stabilité, les impacts du changement climatique continuent de s’intensifier, ce qui augmente la pression sur ce système vital.

gulf stream
Une animation simplifiée de la bande transporteuse mondiale des courants océaniques, y compris la circulation méridionale de retournement de l’Atlantique (AMOC) dans l’océan Atlantique. Crédits : NASA/Goddard Space Flight Center Scientific Visualization Studio

Ce que cela signifie pour l’avenir

Les résultats de cette étude, publiée dans Nature Communications, offrent un peu de répit, mais ne doivent pas être interprétés comme une absence de danger. La stabilité actuelle de l’AMOC signifie que nous disposons encore d’un peu de temps pour agir et limiter les émissions de gaz à effet de serre. Chaque action entreprise aujourd’hui pour réduire le réchauffement climatique contribue à préserver cet équilibre fragile.

Les chercheurs appellent à une surveillance accrue de l’AMOC. Les modèles climatiques, bien que déjà sophistiqués, doivent continuer à être perfectionnés. Des observations directes à long terme sont également essentielles pour confirmer les tendances et mieux prévoir les évolutions futures.

Retrouver cet article sur Sciencepost
L’Observatoire des mondes habitables va-t-il changer notre vision de l’Univers ? Article précédent
L’Observatoire des mondes habitables va-t-il changer notre vision de l’Univers ?
Regardez SpaceX rattraper une fois de plus le propulseur Super Heavy de sa fusée Starship Article suivant
Regardez SpaceX rattraper une fois de plus le propulseur Super Heavy de sa fusée Starship

Commentaire - 0

Se connecter pour laisser un commentaire