La grippe aviaire frappe la région de l’Antarctique pour la première fois. La maladie a été confirmée chez le labbe brun, mais les experts craignent qu’elle ne se propage bientôt à d’autres espèces.
Une première près du pôle sud
La grippe aviaire est une maladie virale qui affecte majoritairement les oiseaux, en particulier les oiseaux sauvages. Elle est principalement causée par des virus de la grippe de type A. Ces virus sont classés en sous-types en fonction de leurs protéines de surface, notamment l’hémagglutinine (H) et la neuraminidase (N). Certains sous-types de grippe aviaire, tels que H5N1 et H7N9, ont suscité une préoccupation particulière en raison de leur potentiel de transmission à l’Homme.
En raison du potentiel de la grippe aviaire à provoquer des épidémies graves, la surveillance continue de ces virus est essentielle. Les chercheurs les étudient pour mieux comprendre leur comportement, leur évolution et leur transmission. Ces travaux aident à prévenir la propagation de la maladie et à préparer des réponses efficaces en cas d’émergence de nouvelles souches potentiellement dangereuses.
Néanmoins, le potentiel de dispersion de cette maladie reste impressionnant, comme en témoigne cette nouvelle annonce. La grippe aviaire a en effet été détectée sur Bird Island, en Géorgie du Sud, ce qui marque la première fois où la maladie est détectée dans la région de l’Antarctique, comme l’a confirmé lundi le British Antarctic Survey (BAS).
Une situation préoccupante
Bird Island est une petite île située près de l’île principale de Géorgie du Sud, dans l’océan Atlantique Sud. Elle est connue pour abriter une grande variété d’oiseaux marins, notamment des manchots, des albatros et de petits oiseaux fouisseurs tels que des pétrels et des prions. Beaucoup d’entre eux sont également répertoriés comme en voie de disparition, menacés ou quasi menacés.
Au cours de ces derniers mois, des décès inexpliqués parmi les labbes bruns ont conduit les responsables du British Antarctic Survey (BAS) à prélever des échantillons pour les faire analyser au Royaume-Uni. Les résultats de ces tests ont confirmé la présence du virus de la grippe aviaire.
Cette découverte suscite des inquiétudes quant à la possibilité de propagation de la maladie à d’autres espèces d’oiseaux sur l’île. La grippe aviaire peut en effet être très contagieuse et potentiellement mortelle pour les oiseaux, en particulier dans des populations denses.
« C’est vraiment inquiétant« , a déclaré au Telegraph le Dr Norman Ratcliffe, écologiste des oiseaux marins au BAS. « Cette île est l’un des habitats aviaires les plus exceptionnels. La variété et la densité des oiseaux y sont étonnantes. Il est donc très préoccupant que cette maladie soit arrivée dans un endroit aussi important.«

Mesures de précaution
Les chercheurs pensent que cette souche de grippe aviaire (H5N1), qui a déjà tué des millions d’oiseaux à travers le monde au cours de cette année, pourrait avoir été introduite par des labbes bruns migrateurs à leur retour d’Amérique du Sud. La région a en effet connu un nombre important de cas au cours de ces derniers mois. Rien qu’au Pérou et au Chili, plus de 500 000 oiseaux sauvages auraient été signalés morts l’année dernière, selon un rapport de l’OFFLU .
Par mesure de précaution, le BAS a suspendu la plupart des travaux de terrain qui impliquent la manipulation d’animaux afin d’éviter la propagation potentielle du virus de la grippe aviaire parmi les chercheurs ou entre les oiseaux et les humains.
Des mesures de biosécurité renforcées, telles que le nettoyage des vêtements et du matériel de terrain, ainsi que l’observation des zones à forte densité d’animaux sauvages, sont également mises en place pour minimiser le risque de contamination croisée.
Bien que la majorité des travaux de terrain aient été suspendus, le BAS continuera de surveiller les colonies d’oiseaux marins sur Bird Island. Cela permettra de suivre l’évolution de la situation, d’évaluer l’impact de la grippe aviaire sur les oiseaux marins et de prendre des mesures pour protéger ces populations.