Et si les plantes de notre planète pouvaient survivre plus longtemps que prévu ? Une découverte récente des scientifiques change radicalement notre compréhension du futur de la biosphère terrestre, offrant une vision plus optimiste de la durée de vie des plantes sur Terre.
Le futur incertain des plantes
Les plantes sont essentielles à la vie sur Terre. Elles produisent de l’oxygène, nourrissent les animaux et les humains, et jouent un rôle crucial dans le cycle du carbone. Pourtant, leur avenir sur la planète est loin d’être assuré. Il y a des milliards d’années, la Terre a connu de profondes transformations climatiques qui ont eu un impact sur les formes de vie présentes. Aujourd’hui, avec l’augmentation progressive de la luminosité du soleil, un autre facteur majeur modifie les conditions de vie sur Terre. En effet, la luminosité du soleil augmente d’environ 1 % tous les 110 millions d’années. Si cela semble insignifiant à court terme, sur des échelles de temps longues, cela entraîne une montée des températures terrestres, rendant la vie végétale plus difficile.
Au fur et à mesure que la luminosité du soleil augmente, la température de la surface terrestre grimpe lentement, affectant le cycle du carbone, notamment l’altération des silicates. Ce processus, au cœur du cycle naturel du carbone, permet d’éliminer le dioxyde de carbone de l’atmosphère. Mais si cette altération diminue avec la hausse de la température, il devient plus difficile pour les plantes de disposer de suffisamment de CO2 pour effectuer la photosynthèse. Cela a conduit à des inquiétudes : combien de temps les plantes peuvent-elles survivre dans un environnement de plus en plus chaud et pauvre en CO2 ?
Un nouveau modèle pour la survie des plantes
Une équipe de chercheurs de l’Université de Chicago et de l’Institut Weizmann des Sciences en Israël a récemment proposé un modèle qui repousse la date limite de survie des plantes sur Terre. Publiée dans The Planetary Science Journal, leur étude remet en question les estimations précédentes et offre une nouvelle perspective, optimiste, sur l’avenir des plantes.
Le modèle précédent supposait que l’augmentation de la température de la Terre et la réduction du CO2 dans l’atmosphère entraîneraient la disparition des plantes bien plus tôt, dans un délai de 1,3 milliard d’années. Cette hypothèse était basée sur l’idée que l’altération des silicates, un processus vital pour le cycle du carbone, dépendait fortement de la température. Mais ces nouveaux chercheurs ont introduit une variable importante : la dépendance de l’altération au CO2. Si l’altération devient moins sensible à la température et plus sensible au CO2, cela pourrait ralentir la baisse de la concentration en CO2 dans l’atmosphère, retardant ainsi la « famine de CO2 » pour les plantes.
Les résultats : un avenir prolongé pour les plantes
Les résultats de cette étude sont prometteurs : selon le modèle, les plantes terrestres pourraient survivre pendant encore 1,7 milliard d’années, soit bien plus longtemps que les estimations précédentes. Ce calcul repose sur deux facteurs clés : la faible dépendance de l’altération des silicates à la température et une interaction plus forte avec le CO2. En d’autres termes, même si la luminosité du soleil continue d’augmenter lentement, l’impact sur les plantes pourrait être atténué, prolongeant ainsi leur survie.
Les chercheurs ont également pris en compte deux types de plantes : les plantes C3, qui représentent environ 95 % des plantes sur Terre, et les plantes C4, plus résistantes aux conditions chaudes et sèches. Les résultats suggèrent que les premières, plus sensibles au CO2, seraient les premières à disparaître, tandis que les secondes, comme le maïs, la canne à sucre ou le sorgho, pourraient survivre plus longtemps. Les plantes C4 pourraient tenir bon jusqu’à 1,2 milliard d’années, voire jusqu’à 1,8 milliard d’années dans des conditions plus optimistes.

Un impact majeur sur la biodiversité
Ce prolongement de la durée de vie des plantes aurait des implications profondes pour l’ensemble de l’écosystème terrestre. En effet, sans les plantes, la chaîne alimentaire s’effondrerait, et de nombreuses formes de vie, y compris les humains, disparaîtraient. L’augmentation de la durée de vie des plantes signifie que les écosystèmes terrestres pourraient être capables de maintenir la vie beaucoup plus longtemps qu’on ne le pensait. Ce modèle suggère que la Terre pourrait continuer à soutenir une biodiversité végétale pendant une période beaucoup plus longue, offrant ainsi davantage de temps pour que la vie animale et humaine évolue.
Cette découverte a également des implications importantes pour la recherche de vie extraterrestre. Si l’on comprend mieux la durée de vie des biosphères sur Terre, cela pourrait nous aider à rechercher des signes de vie sur d’autres planètes. Les chercheurs suggèrent que la durée de vie des plantes sur Terre pourrait notamment servir de modèle pour estimer la durée de vie des biosphères d’autres planètes, et éventuellement déterminer si des conditions propices à la vie y existent. De plus, un modèle de vie plus longue suggère que la vie intelligente pourrait émerger plus facilement ailleurs dans l’univers, car cela réduit le nombre d’« étapes difficiles » nécessaires à l’apparition de formes de vie avancées.