La hausse du nombre d’armes nucléaires chinoises suscite des inquiétudes croissantes sur la scène internationale. Selon un rapport du Nuclear Notebook publié par la Fédération des scientifiques américains, la Chine posséderait environ 600 ogives et poursuivrait une expansion rapide qui fait d’elle la puissance nucléaire à la croissance la plus rapide parmi les neuf États dotés de l’arme atomique. D’ici 2030, l’arsenal chinois pourrait dépasser les 1 000 ogives et atteindre 1 500 d’ici 2035 selon les projections du Pentagone. Cette accélération marque un tournant dans la stratégie militaire du pays et soulève de nombreuses interrogations géopolitiques.
Un arsenal nucléaire en pleine expansion
Jusqu’à récemment, la Chine maintenait une force nucléaire relativement limitée et privilégiait une stratégie de dissuasion minimale. Cela signifiait que le pays conservait un nombre d’armes suffisant pour riposter en cas d’attaque, sans chercher à égaler les arsenaux colossaux des États-Unis ou de la Russie. Cependant, les choses ont changé : Pékin investit massivement dans son programme nucléaire.
D’après les experts, la Chine disposerait aujourd’hui d’environ 600 ogives nucléaires contre 350 en 2020. Ce chiffre pourrait plus que doubler d’ici 2035 pour atteindre 1 500 ogives, selon les estimations du Pentagone. Ce rythme de développement rapide est inédit pour la Chine et reflète sa volonté de jouer un rôle majeur dans la dissuasion stratégique mondiale.
Cette progression rapide place ce pays au troisième rang mondial, derrière les États-Unis (environ 5 000 ogives) et la Russie (environ 4 500 ogives). Toutefois, la croissance actuelle de l’arsenal chinois pourrait redéfinir cet équilibre à moyen terme.
De nouveaux missiles et silos en construction
Pour renforcer sa force nucléaire, Pékin développe de nouveaux missiles intercontinentaux (ICBM) capables d’atteindre des cibles lointaines, comme les États-Unis. Trois grands champs de silos à missiles sont actuellement en construction pour permettre de lancer des ICBM à propergol solide, plus rapides et plus difficiles à détecter. Ces silos, situés dans des régions éloignées et protégées, offrent à la Chine une capacité de frappe en second plus résiliente.
La Chine continue aussi de produire des silos pour son ICBM DF-5, un missile à propergol liquide déjà en service. Bien que plus ancien, ce missile reste redoutable en raison de sa capacité à transporter des ogives puissantes sur de longues distances.
Autre développement majeur : le missile DF-26, une arme redoutable qui peut être équipée d’une ogive nucléaire ou conventionnelle. Sa portée de 4 000 km lui permet de frapper des bases militaires américaines dans le Pacifique, notamment à Guam. Depuis 2018, la Chine est passée de 18 à 250 lanceurs DF-26 avec un stock de 500 missiles. Cette expansion témoigne d’une volonté claire de renforcer la capacité de projection chinoise dans la région indopacifique.

L’augmentation des stocks de matières fissiles
Pour fabriquer davantage de ces armes nucléaires, la Chine a besoin de matières premières spécifiques, comme le plutonium et l’uranium hautement enrichi (UHE). Actuellement, Pékin disposerait de 14 tonnes d’uranium enrichi et de 2,9 tonnes de plutonium. Ces quantités sont suffisantes pour produire plusieurs centaines d’ogives supplémentaires. Toutefois, sa production de plutonium militaire est limitée depuis les années 1990.
Pour contourner ce problème, la Chine pourrait utiliser ses réacteurs nucléaires civils, notamment les CFR-600, pour produire du plutonium à des fins militaires. Actuellement en construction, ces réacteurs surgénérateurs rapides sont conçus pour générer plus de matière fissile qu’ils n’en consomment, ce qui permettrait à Pékin d’accroître rapidement ses stocks.
Vers une modernisation de l’aviation stratégique
En plus des missiles, la Chine cherche à moderniser sa force aérienne nucléaire. Son bombardier actuel, le H-6, est vieillissant et doit être remplacé par un nouvel appareil furtif, le H-20. Ce dernier devrait avoir une portée de plus de 10 000 km, ce qui lui permettrait d’atteindre des cibles sur d’autres continents. Il pourrait emporter des bombes nucléaires et conventionnelles, ce qui renforcerait la capacité de frappe chinoise. Grâce à sa furtivité et à sa longue portée, le H-20 pourrait jouer un rôle clé dans la dissuasion stratégique de la Chine en élargissant son rayon d’action à l’échelle intercontinentale.
Quelles conséquences pour la sécurité mondiale ?
L’expansion du nombre d’armes nucléaires chinoises inquiète les grandes puissances, notamment les États-Unis qui voient dans ce renforcement une menace pour l’équilibre stratégique. Une augmentation aussi rapide de l’arsenal chinois pourrait inciter d’autres nations à renforcer leurs propres capacités militaires, ce qui alimenterait ainsi une course aux armements.
Cette montée en puissance pourrait également augmenter les tensions dans la région indopacifique, en particulier avec l’Inde, le Japon et Taïwan. De plus, cela complique les négociations sur le désarmement nucléaire, car la Chine refuse pour l’instant de participer aux discussions avec Washington et Moscou.