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Ils pensaient viser la bonne cible contre le cancer. Ils s’étaient trompés !

Ils pensaient viser la bonne cible contre le cancer. Ils s’étaient trompés !

  • lundi 21 avril 2025
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Depuis des années, les chercheurs tentent de freiner certains cancers tenaces en s’attaquant à une enzyme-clé : CDK7. Cette petite protéine joue un rôle central dans la prolifération cellulaire, et son dysfonctionnement est lié à plusieurs cancers, dont le cancer du sein triple négatif, l’un des plus difficiles à traiter.


Des médicaments expérimentaux avaient déjà montré qu’en bloquant CDK7, la croissance des tumeurs pouvait être ralentie. Mais personne ne comprenait vraiment pourquoi ça marchait. Jusqu’à aujourd’hui.

Une nouvelle étude menée par le professeur Dylan Taatjes, de l’Université du Colorado à Boulder, vient en effet enfin lever le voile sur le véritable mécanisme d’action de l’un de ces traitements prometteurs, le SY-5609. Et les résultats sont surprenants.

CDK7, le cœur du moteur cellulaire

Pour bien comprendre, il faut savoir que les cellules cancéreuses ne meurent pas : elles se multiplient sans fin, ignorant les freins biologiques censés les arrêter. C’est cette croissance incontrôlée qui caractérise tous les cancers, même si les causes varient énormément.


Au centre de ce chaos moléculaire, on retrouve CDK7, une enzyme appartenant à la famille des kinases cycline-dépendantes. CDK7 a un rôle de chef d’orchestre : elle active d’autres CDK (notamment CDK4, CDK6 et CDK1), qui à leur tour déclenchent la division cellulaire. Autrement dit, sans elle, pas de prolifération.

C’est pourquoi de nombreux laboratoires développent depuis des années des inhibiteurs de CDK7, des médicaments censés désactiver cette enzyme pour freiner les cancers. Le problème ? On ne savait pas exactement comment ces médicaments agissaient, ni pourquoi ils provoquaient tant d’effets secondaires.

Un blocage express en 30 minutes

L’équipe de Taatjes a étudié l’effet du SY-5609, un inhibiteur de CDK7 développé par Syros Pharmaceuticals, sur 79 lignées de cellules cancéreuses issues de 27 types de tissus différents.
Ils ont utilisé une technique d’observation moléculaire avancée pour suivre ce qu’il se passait à la minute près dans les cellules exposées au médicament.


Résultat bluffant : en seulement 30 minutes, les facteurs de transcription — ces protéines qui activent les gènes responsables de la division cellulaire — cessent complètement de fonctionner. Pendant ce temps, les cellules témoins continuent de se multiplier comme si de rien n’était.

Ce n’est donc pas seulement l’arrêt de CDK7 qui bloque la tumeur, mais l’effet domino instantané sur toute la machinerie génétique de la prolifération. Et cette réaction rapide semble commune à de nombreux types de cancers.

cancer cellules CDK7

Crédit : iStock

Crédits : :Jose carlos Cerdeno/istock

L’effet surprise : le retour du gène protecteur RB1

Mais ce n’est pas tout. Le SY-5609 fait bien plus que bloquer CDK7. Il réactive également un ancien allié dans la lutte contre le cancer : le gène RB1. Ce gène est connu pour produire une protéine (RB1) qui empêche les cellules de se diviser de manière incontrôlée.


Dans de nombreux cancers, cette fonction de RB1 est neutralisée. Mais ici, l’inhibition de CDK7 permettrait à RB1 de rejouer son rôle de gardien, en bloquant d’autres facteurs de transcription impliqués dans la prolifération. C’est une double attaque contre la tumeur.

Un futur traitement plus ciblé, plus intelligent

Le vrai défi, avec les traitements anticancéreux, c’est d’attaquer les cellules malades sans endommager les cellules saines. Or, CDK7 n’est pas seulement présent dans les cellules cancéreuses : il a aussi un rôle essentiel dans l’organisme en bonne santé.

Jusqu’à présent, les inhibiteurs de CDK7 agissaient comme un marteau-pilon, bloquant toute activité de l’enzyme, ce qui provoquait de nombreux effets secondaires. Grâce à cette étude, les chercheurs espèrent désormais pouvoir concevoir des inhibiteurs plus intelligents, capables de cibler uniquement les fonctions de CDK7 impliquées dans le cancer, tout en épargnant les fonctions vitales pour les cellules normales.

Une avancée vers un « médicament ninja »

L’idée serait donc de créer un traitement ultra-précis : suffisamment rapide pour stopper la tumeur dans son élan, mais capable de se désactiver à temps pour laisser les cellules saines reprendre leur travail. Un équilibre délicat, mais désormais envisageable grâce à cette nouvelle compréhension.

L’étude, publiée dans la revue Science Advances, représente une étape cruciale vers une médecine anticancer plus ciblée et plus efficace. Et si tout se passe bien, cela pourrait ouvrir la voie à de nouveaux traitements contre des cancers jusqu’ici très résistants.

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