(Agence Ecofin) - Entre 2019 et 2020, le PIB gambien a chuté de 3,8 points de pourcentage, une situation imputable à la covid-19. Bien que le pays multiplie les efforts pour relancer son économie, l’inflation mondiale exacerbée par la guerre en Ukraine nécessite des mesures beaucoup plus fortes.
Le gouvernement gambien a pris plusieurs décisions visant à faire face à la turbulence économique que traverse le pays. L’information émane d’un communiqué de presse publié le mardi 12 avril par la présidence.
Ces réformes concernent les dépenses du gouvernement liées aux voyages à l'étranger, au carburant et aux lubrifiants et aux allocations de télécommunications. En effet, les autorités gambiennes ont décidé de la suspension des voyages à l'étranger, hormis ceux concernant les institutions telles que l'ONU, la CEDEAO, l'UA, la Banque mondiale, le FMI, la BAD et la Banque islamique de développement. Toutefois, d’autres déplacements peuvent être faits si « les organisateurs prennent entièrement en charge le coût de la participation à ces événements à l'étranger », explique la note d’information.
Les autorités ont également décidé de réduire de 50% les paiements des frais journaliers pour les missions où le logement est pris en charge par le gouvernement. De plus, seuls les hauts fonctionnaires disposeront désormais de téléphones mobiles post-payés fournis par l’Etat. Le gouvernement ayant « réduit de 20 % toutes les allocations mensuelles de carburant versées aux fonctionnaires éligibles », les ministères, départements et agences ont été appelés à une utilisation raisonnable de ces ressources.
D’après le communiqué, ces nouvelles décisions sont motivées par « une réduction de l'activité économique, de la génération de revenus et par la flambée des prix du carburant et d'autres produits de base » provoqués par la covid-19 et la guerre en Ukraine. La note gouvernementale précise que les nouvelles mesures « resteront en vigueur jusqu'à l'amélioration du paysage économique ».
Par ailleurs, une commission a été mise en place par le gouvernement afin de « développer une analyse diagnostique de la situation actuelle de l'économie, et de recommander des mesures pour atténuer l'impact du conflit sur les conditions de vie de la population en Gambie ». Elle est constituée de ministères, dont celui des Finances et des Affaires économiques, celui du Commerce, de l'Intégration régionale et de l'Emploi et celui de l’Agriculture. Elle se compose aussi de l'Agence de promotion des investissements et des exportations, de l'Autorité des marchés publics, de la Banque centrale, du Département du comptable général et de l'autorité fiscale.
Après la transition politique, sur fond de crise, qu’elle a traversée entre 2016 et 2017, tous les indicateurs économiques de la Gambie étaient au vert. Avec l’avènement de la covid-19, le pays a enregistré un ralentissement de la croissance de son PIB (2,4% en 2020 contre 6,2% l’année d’avant).
Avec l’aide du Fonds monétaire international (FMI), le pays s’est engagé dans une série de mesures afin de relancer son économie. Le 24 novembre dernier, Banjul a bénéficié d’un financement de près de 7 millions de dollars du FMI pour soutenir ces réformes, dont la mise en œuvre a été jugée « satisfaisante » par le Fonds.
Il y a moins d’une semaine, le l’institution monétaire a annoncé le décaissement prochain de sept autres millions de dollars au pays. La Gambie a, en outre, été félicitée pour le respect de ses engagements quant à l’application des réformes.
Jean-Marc Gogbeu