Récemment, des chercheurs allemands ont étudié un phénomène très particulier observé parfois en Amazonie, au cœur de la forêt tropicale. Il s’agit ici de surprenantes vagues de froid sans cycles précis qui peuvent affecter la faune locale.
Les épisodes de coup de froid tropical : un phénomène connu
Lorsque l’on pense à la forêt amazonienne, nous imaginons un environnement chaud et humide où la végétation tropicale règne. Et pourtant, il s’y produit parfois des coups de froid, à savoir des chutes de température fortes et inhabituelles. Une équipe de chercheurs du Département d’écologie animale et de biologie tropicale de l’Université de Würzburg (Allemagne) installée durant un an en Amazonie péruvienne a été témoin du phénomène. Leurs observations ont été publiées dans la revue Biology Letters le 22 janvier 2025. À l’origine présente sur place pour étudier la biodiversité, l’équipe a enregistré une température de 10,5 °C durant près d’une semaine. Pourtant, la moyenne se situe à 23,9 °C.
Ces vagues de froid (appelées friajes) sont connues de la science et surtout des habitants locaux. Il arrive en effet que des fronts d’air froid se déplacent depuis l’Antarctique et remontent vers l’Amérique, à la fois sur les Andes et les hauts plateaux du Brésil. Pas moins de 67 friajes ont eu lieu entre 1980 et 2017 sans cycle précis et les plus longues peuvent durer plus d’une semaine.

Une baisse d’activité avant un retour à la normale
Les scientifiques allemands ont donc étudié les impacts de ces coups de froid sur la faune locale après avoir constaté que les effets de ce phénomène ont seulement fait l’objet de travaux qui touchaient au domaine de l’agriculture. En 2022, les chercheurs avaient déjà évalué la biomasse des insectes et observé l’activité de mammifères tels que les jaguars et les tapirs à l’aide de pièges photo. Ils ont donc répété leurs mesures durant la vague de froid, puis une fois encore plusieurs mois après.
Selon les résultats, les mammifères ont fait beaucoup moins d’apparitions devant les pièges photo durant l’épisode de froid. Leurs habitudes ont ensuite repris lorsque les températures sont revenues à la normale. En ce qui concerne les insectes, le constat est le même, à savoir une forte baisse de l’activité avant un retour à la normale. Selon les résultats de plusieurs tests, les insectes entrent dans un état de torpeur à une température de 0,62 °C inférieure à celle de la vague de froid à 10,5 °C. Immobiles, les insectes sont capables de survivre quelques jours, mais se trouvent en danger de mort au-delà.
Par ailleurs, les auteurs de l’étude ont affirmé que l’ambiance d’un point de vue sonore était inhabituellement calme. Aussi, il n’existe aucune donnée concernant les reptiles, les oiseaux ou encore les amphibiens. Enfin, il est possible qu’en raison du changement climatique, ces coups de froid deviennent plus fréquents, mais pour l’instant, rien ne permet d’en être certains. Si tel est le cas, davantage d’insectes pourraient succomber, ce qui affecterait alors le reste de la faune tropicale.