En Suisse, des scientifiques explorent la piste de la bioluminescence afin de transformer les villes en espaces qui s’éclairent de manière naturelle. Basée sur du bois, cette solution pourrait donc répondre à une problématique particulière, à savoir la réduction de la pollution lumineuse et l’empreinte carbone des villes.
Un procédé astucieux avec du bois pour un éclairage naturel
Lorsque la nuit tombe, de très nombreuses lumières artificielles apparaissent. Plutôt agressives, elles représentent pour la plupart une pollution lumineuse dont les citadins se passeraient volontiers. De plus, ces éclairages sont très consommateurs en énergie et contribuent de manière non négligeable à l’empreinte carbone des villes. Le phénomène est d’ailleurs mondial et a malheureusement tendance à s’accélérer depuis quelques années.
Dans un communiqué publié le 28 novembre 2024, une équipe du Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (EMPA) en Suisse a détaillé ses dernières recherches. Son objectif est de rendre le bois luminescent afin d’instaurer un éclairage nocturne naturel et de réduire ainsi la pollution lumineuse et l’empreinte carbone des espaces urbains. « Le bois naturellement lumineux a été décrit pour la première fois il y a environ 2400 ans par le philosophe grec Aristote », a déclaré Francis Schwarze, chercheur en mycologie et principal meneur des travaux.
Les auteurs de l’étude ont ici focalisé leur attention sur le champignon Desarmillaria tabescens, un parasite du bois. Ce dernier produit en effet naturellement une substance particulière, la luciférine, qui émet une lumière verte nommée foxfire après son activation par un processus enzymatique.

Des tests très prometteurs
Les chercheurs ont indiqué avoir cultivé le champignon sur du bois de balsa avec pour but d’obtenir une structure bio hybride. Ainsi, le bois traversé par des filaments du champignon devient vert dans l’obscurité. Toutefois, il faut savoir que les champignons ont besoin d’une période d’incubation de trois mois afin d’obtenir leur maximum en matière de bioluminescence. Par ailleurs, les échantillons de bois de balsa ont absorbé huit fois leur poids en humidité pendant cette période avant de permettre la réaction enzymatique au contact de l’air.
Selon les premières mesures effectuées par spectroscopie de fluorescence, une lumière verte d’une longueur d’onde de 560 nanomètres a été obtenue après une dizaine d’heures et peut durer une dizaine de jours. Les chercheurs tentent désormais d’optimiser les paramètres comme la luminosité ou encore le délai d’incubation. L’objectif est à terme d’obtenir des panneaux luminescents plus performants et disponibles plus rapidement.
Il est donc possible qu’un jour, des éléments bioluminescents puissent permettre d’éclairer naturellement certains espaces durant la nuit en ville. Cependant, la solution devrait également s’adapter aux zones plus rurales ou difficiles d’accès. Un type d’arbre luminescent pourrait éventuellement permettre d’éclairer des lotissements, des sentiers ou autres. De plus, ces recherches pourraient être élargies puisqu’il existe plus de 70 espèces de champignons ainsi que plusieurs espèces animales capables de bioluminescence.