Pour la première fois, les scientifiques ont découvert un rhinocéros laineux momifié doté d’une bosse bien visible sur la nuque. Ce détail anatomique, jusqu’alors inconnu pour ces créatures, correspond de manière surprenante aux représentations de rhinocéros réalisées par des artistes préhistoriques dans des grottes comme celle de Chauvet, en France.
Une découverte surprenante dans le pergélisol de Sibérie
Le rhinocéros laineux, parent éloigné de nos rhinocéros modernes, vivait aux côtés des mammouths il y a plusieurs dizaines de milliers d’années, durant l’ère glaciaire.
Dans les peintures rupestres de la grotte Chauvet, des artistes préhistoriques ont représenté avec précision des animaux tels que des lions, des bisons et des rhinocéros. Parmi ces représentations, certaines montraient des rhinocéros laineux dotés d’une bosse au cou, un détail étrange et distinctif. Pendant longtemps, les scientifiques ont pensé que cette bosse n’était qu’une exagération ou une erreur de représentation de la part des artistes de l’époque. Cependant, la récente découverte d’un spécimen momifié avec une bosse confirmée change tout.
Ce rhinocéros laineux particulier a été découvert en Yakoutie, une région de Sibérie où le pergélisol a conservé les restes de nombreux animaux préhistoriques. Le froid extrême permet de momifier naturellement ces créatures, offrant aux scientifiques des spécimens d’une incroyable qualité de préservation.
L’animal, qui aurait eu environ quatre ans au moment de sa mort, présentait une bosse graisseuse bien visible au niveau de la nuque. C’est la première fois que les chercheurs constatent cette caractéristique physique sur un spécimen de cette espèce, malgré les nombreuses momies découvertes par le passé.
Les artistes de Chauvet n’avaient donc pas inventé ce détail anatomique. Cette bosse faisait bien partie du corps des rhinocéros laineux et leur permettait probablement de mieux résister aux conditions rudes de l’époque glaciaire.

Une adaptation unique au froid
Mais à quoi servait cette bosse ? Les chercheurs pensent qu’elle jouait un rôle clé dans la survie du rhinocéros laineux en permettant le stockage d’énergie sous forme de graisse, comme c’est le cas chez certaines autres espèces. Dans les climats glacials de l’ère glaciaire, cette réserve de graisse aurait en effet aidé l’animal à maintenir sa température corporelle.
Notez qu’aujourd’hui, seul le rhinocéros blanc, l’une des cinq espèces modernes de rhinocéros, possède une bosse. Cependant, celle-ci est constituée principalement de muscles et de ligaments, alors que celle du rhinocéros laineux était principalement remplie de graisse. Les scientifiques parlent d’« homoplasie » pour décrire ce phénomène : bien que la bosse semble similaire, elle a évolué indépendamment chez ces deux espèces en réponse à des besoins différents.

Que reste-t-il à découvrir ?
Bien que cette découverte apporte de nouvelles informations précieuses sur le mode de vie et les adaptations des rhinocéros laineux, elle soulève également de nouvelles questions. La bosse graisseuse était-elle présente chez tous les rhinocéros laineux, ou était-elle limitée aux jeunes individus ? Sa taille variait-elle selon les saisons, en fonction des besoins en énergie ? La réponse à ces questions pourrait transformer notre compréhension de ces animaux de l’ère glaciaire.
Aujourd’hui, les scientifiques continuent de fouiller le pergélisol sibérien et d’analyser chaque nouveau spécimen trouvé. Chaque découverte ouvre une nouvelle fenêtre sur le passé et nous permet de mieux comprendre les adaptations de ces animaux extraordinaires qui peuplaient autrefois notre planète.
L’étude est publiée dans la revue Quaternary Science Reviews.