Le site du Saint-Sépulcre à Jérusalem, lieu sacré pour des millions de chrétiens à travers le monde, est traditionnellement considéré comme l’endroit où Jésus-Christ aurait été crucifié et où son corps aurait été inhumé avant sa résurrection. Bien que ce site soit un centre de vénération depuis des siècles, l’archéologie moderne n’a jamais pu confirmer de manière définitive s’il s’agissait véritablement du lieu historique de la crucifixion et de la sépulture du Christ. Cependant, une nouvelle découverte, réalisée sous la direction de Francesca Romana Stasolla, chercheuse à l’Université La Sapienza de Rome, pourrait bien fournir des indices précieux qui étayent les traditions chrétiennes et confirment, peut-être, les récits bibliques.
Une nouvelle fouille sous l’église du Saint-Sépulcre
Depuis sa construction par l’empereur Constantin au 4e siècle, l’église du Saint-Sépulcre a été un site de pèlerinage majeur pour les chrétiens, attirant des millions de visiteurs. Pourtant, malgré son importance religieuse et historique, le site a toujours été entouré de mystères concernant son authenticité historique. La question reste posée : ce lieu est-il vraiment celui où Jésus a été crucifié et enterré ?
En 2019, après des décennies de discussions complexes entre les différentes communautés religieuses qui gèrent le site (les orthodoxes, les catholiques et les arméniens), un accord a été trouvé pour réaliser une série de rénovations sur l’église du Saint-Sépulcre. Ce projet de rénovation, qui visait principalement à remplacer le sol vétuste du 19e siècle, a également permis de lancer des fouilles archéologiques sous l’église. Ces fouilles, dirigées par Stasolla depuis 2022, se sont concentrées sur le sol sous-jacent, une zone datant de l’âge du Fer, et ont révélé des éléments fascinants.
Une carrière vieille de 3 000 ans
L’une des découvertes les plus marquantes est l’existence d’une ancienne carrière datant de l’âge du Fer, environ 1200 à 586 av. J.-C. Cette carrière, qui a été utilisée à l’époque de Jésus, servait de lieu de sépulture, avec des tombes taillées directement dans la roche. Mais ce qui est encore plus surprenant, c’est que cette zone a ensuite été transformée en jardin. Les fouilles ont en effet mis à jour des vestiges de cultures agricoles, notamment des vignes et des oliviers datant d’il y a plus de 2 000 ans.
L’Évangile de Jean mentionne d’ailleurs un jardin près du lieu où Jésus aurait été crucifié et enterré : « Là où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin, et dans ce jardin un sépulcre neuf, dans lequel personne n’avait jamais été mis » (Jean 19:41).
Cette description du lieu, à la fois un jardin et un tombeau, trouve un écho surprenant dans les découvertes récentes. L’identification de ces vestiges agricoles sous le sol de l’église offre une preuve tangente que cette zone était effectivement utilisée pour la culture de plantes, notamment des oliviers et des vignes, conformément à la description biblique.

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Le peuple chrétien dans l’église du Saint-Sépulcre dans la vieille ville de Jérusalem, en Israël. Crédits : Artaxerxes Longhand/istockLe rôle de l’archéobotanique dans cette découverte
Les fouilles ont également été enrichies par l’expertise de spécialistes en archéobotanique, qui ont pu identifier ces restes de plantes anciennes. En étudiant les graines et autres restes végétaux, les chercheurs ont pu déterminer que cette zone avait été cultivée à l’époque de Jésus. Ces découvertes sont particulièrement importantes car elles corroborent les informations présentes dans l’Évangile de Jean, qui mentionne un jardin entre le lieu de la crucifixion et le tombeau.
Stasolla, qui dirige l’équipe de fouilles, souligne l’importance de cette découverte non seulement pour les historiens et les archéologues, mais aussi pour les croyants. Selon elle, bien que l’on ne puisse pas prouver de manière irréfutable que ce site est celui de la sépulture de Jésus, l’archéologie révèle des preuves convaincantes qui suggèrent que ce lieu a effectivement été associé à la mort et à la résurrection du Christ par les premiers chrétiens.
La portée de cette découverte
Alors que les fouilles continuent, il est évident que ces découvertes n’ont pas seulement une valeur historique et religieuse, mais qu’elles ont aussi des implications pour notre compréhension de Jérusalem à l’époque de Jésus. La découverte de structures agricoles antiques ajoute une dimension nouvelle à l’étude de cette période et permet de mieux comprendre l’utilisation du terrain autour du Calvaire et de la tombe.
Cependant, Stasolla adopte une approche prudente. Elle insiste sur le fait que le véritable trésor de cette découverte n’est pas seulement de confirmer le lieu exact de la sépulture de Jésus, mais d’ouvrir une fenêtre sur l’histoire de la foi chrétienne. Les générations successives qui ont consacré ce site en tant que lieu de vénération ont façonné l’histoire religieuse de Jérusalem, et ce patrimoine historique est une réalité objective. Qu’un chercheur croie ou non à l’historicité du Saint-Sépulcre, l’importance de ce lieu dans la culture chrétienne est indéniable.