Des découvertes archéologiques réalisées dans la Cueva de Los Murciélagos, près de Grenade en Espagne, nous plongent 7 000 ans dans le passé, offrant un aperçu fascinant des premières pratiques de chasse et des savoir-faire techniques du Néolithique. Parmi ces trouvailles remarquables figurent des cordes d’arc et des flèches empennées, des objets d’une importance considérable pour les archéologues. Ces artefacts, étonnamment bien conservés grâce aux conditions particulières de la grotte, témoignent non seulement de l’ingéniosité des artisans de l’époque, mais aussi de leur maîtrise de la fabrication d’armes de précision, à la fois pour la chasse et potentiellement pour la guerre.
Un savoir-faire hors du commun
Les cordes d’arc retrouvées dans la grotte sont d’une grande importance, car elles constituent les plus anciennes connues en Europe. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est la méthode utilisée pour les fabriquer. Plutôt que d’utiliser simplement du fil ou de la corde conventionnelle, les artisans néolithiques les ont créées à partir de tendons d’animaux. Ces derniers provenaient de différentes espèces, telles que des chèvres, des sangliers et des cerfs. Leurs tendons étaient entrelacés de manière très précise pour former des cordes torsadées, mesurant entre trois et quatre millimètres de diamètre. Ces cordes étaient robustes et suffisamment flexibles pour être utilisées efficacement comme cordes d’arc.
Cette technique de fabrication témoigne du savoir-faire exceptionnel de ces artisans anciens. En effet, la conception des cordes d’arc est loin d’être simple. La torsion des tendons de manière à obtenir à la fois solidité et élasticité nécessitait des compétences techniques avancées. De plus, ce degré de précision atteste d’une expérience et d’une compréhension profondes des matériaux utilisés et de leurs propriétés physiques.
Des flèches aux matériaux innovants : l’art de la fabrication des projectiles
Les flèches retrouvées à côté des cordes sont tout aussi fascinantes. Ce qui les distingue des flèches anciennes retrouvées sur d’autres sites archéologiques, c’est le choix des matériaux utilisés. Alors que beaucoup de flèches préhistoriques étaient fabriquées à partir de bois comme le pin ou le noisetier, celles de la Cueva de Los Murciélagos étaient fabriquées à partir de bois d’olivier, de saule et de roseau.
Le bois d’olivier, connu pour sa densité et sa résistance, était idéal pour fabriquer des flèches capables de pénétrer des cibles avec force. En même temps, sa flexibilité permettait une certaine stabilité en vol, améliorant ainsi la précision des projectiles. Le saule, quant à lui, est un bois léger, ce qui le rendait parfait pour des flèches rapides qui étaient essentielles pour certaines techniques de tir à l’arc où la rapidité et la portée étaient prioritaires.
Toutefois, l’aspect le plus fascinant réside dans la découverte des flèches en roseau. Ces dernières étaient équipées de plumes, ce qui en fait les plus anciennes flèches empennées retrouvées en Europe. Les plumes étaient attachées à l’extrémité des flèches à l’aide de fibres, une technique qui permettait de stabiliser leur vol et d’améliorer leur trajectoire. Cette innovation technique, bien que simple, montre une compréhension précise de la dynamique de vol et de la nécessité de contrôler la direction du projectile.

Des armes en contexte : symbolisme et pratiques funéraires
L’une des particularités de cette découverte est que ces armes étaient enterrées avec des restes humains dans un contexte funéraire. Cela soulève plusieurs questions sur le rôle de ces objets dans les croyances et rituels des sociétés néolithiques. Le fait que ces armes aient été placées dans une tombe pourrait indiquer qu’elles étaient perçues comme des instruments de protection ou de pouvoir, symbolisant la force et l’importance de l’individu décédé. Ces objets pourraient donc avoir joué un rôle crucial dans les croyances funéraires en aidant le défunt à traverser l’au-delà.
Les recherches sur d’autres sites néolithiques en Espagne ont également révélé des traces d’automutilation et de cannibalisme, bien qu’il ne soit pas encore clair si ces pratiques étaient motivées par des raisons religieuses, rituelles ou de survie.