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Découverte en France d’une carte 3D vieille de 13 000 ans

Découverte en France d’une carte 3D vieille de 13 000 ans

  • mardi 14 janvier 2025
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Une équipe de chercheurs détaille la découverte d’une carte tridimensionnelle qui date de près de 13 000 ans réalisée par des hommes du Paléolithique dans un abri sous roche du bassin parisien. Trouvée dans le site de Ségognole 3, cette carte préhistorique représente l’une des découvertes les plus impressionnantes concernant la compréhension ancienne du paysage naturel. Elle remet également en question nos idées préconçues sur la manière dont nos ancêtres percevaient et interagissaient avec leur environnement.


L’abri sous roche Ségognole 3 : un site préhistorique révélateur

L’abri sous roche de Ségognole 3 est un site archéologique bien connu, notamment pour ses gravures paléolithiques qui représentaient des chevaux et des motifs féminins associés à des croyances anciennes. Ce site exploré depuis les années 1980 a récemment livré un autre secret bien plus étonnant : la présence d’une « carte » miniature en trois dimensions, modelée dans le sol de l’abri en grès quartzitique. Les chercheurs ont découvert des caractéristiques géomorphologiques qui ne pouvaient être d’origine naturelle, mais qui avaient été façonnées intentionnellement par l’Homme. Le Dr Médard Thiry, du Centre de géosciences de Mines Paris-PSL, a d’abord signalé ces particularités lors de sa visite sur le site en 2017, ce qui a conduit à un examen plus approfondi de la région.

Une autre dimension importante de cette découverte est la manière dont elle a été rendue possible par la collaboration entre différentes disciplines scientifiques. Le croisement des savoirs en archéologie, géologie et géomorphologie a permis de décrypter cette carte préhistorique. Les chercheurs ont utilisé des techniques géologiques avancées pour analyser les caractéristiques du grès, ce qui a permis d’identifier des modifications humaines jusque-là invisibles. Cette approche, combinée à des observations détaillées du terrain et à une réflexion croisée entre archéologues et géologues, a abouti à la mise en évidence d’une représentation miniature de l’environnement, qui jusque-là n’avait pas été reconnue.

Une carte tridimensionnelle des flux naturels

En collaboration avec le Dr Anthony Milnes de l’Université d’Adélaïde, l’équipe de recherche a révélé que les modifications observées dans le sol du grès formaient une sorte de modèle réduit du paysage environnant. Cette carte n’est pas une carte traditionnelle que l’on pourrait associer à des concepts modernes tels que les distances ou les directions. Au lieu de cela, elle représente une miniature du terrain qui illustre des éléments naturels tels que l’écoulement des ruisseaux et des rivières, la convergence des vallées, et la formation de lacs et de marécages. C’est donc une sorte de carte fonctionnelle axée non pas sur la localisation géographique, mais sur les dynamiques naturelles essentielles à la survie des groupes humains de l’époque.


Le Dr Milnes précise : « Pour les peuples du Paléolithique, la direction des courants d’eau et la reconnaissance des caractéristiques du paysage étaient probablement plus importantes que des concepts modernes comme la distance et le temps. » Cette observation suggère que nos ancêtres préhistoriques étaient attentifs aux ressources naturelles, en particulier à l’eau, et qu’ils avaient une connaissance intime du fonctionnement de leur environnement.

carte 3D
Cartographie du sol de la grotte avec la vallée de la rivière École. Crédits : Dr Médard Thiry

Ingénierie hydraulique et symbolisme chez les hommes du Paléolithique

L’une des révélations les plus fascinantes de cette découverte réside dans la sophistication des techniques employées par ces Hommes du Paléolithique pour modeler leur environnement. En effet, les recherches ont montré que les humains de cette époque ne se contentaient pas de vivre dans leur environnement, mais l’adaptaient à leurs besoins. En sculptant le grès, ils ont en effet créé des canaux destinés à guider l’écoulement des eaux de pluie et à diriger l’infiltration d’eau, ce qui démontre un haut degré de maîtrise technique.

Cette capacité d’ingénierie hydraulique n’a jamais été reconnue jusqu’à présent dans un contexte aussi ancien et il est probable qu’elle ait joué un rôle essentiel dans la gestion de l’eau dans un environnement précaire. Au-delà de la pratique utilitaire, ces installations pourraient aussi avoir eu une signification mythologique ou symbolique liée à la nature et à l’eau.

Réécrire l’histoire de la cartographie

Avant cette découverte, la plus ancienne carte tridimensionnelle connue remontait à l’âge du bronze, il y a environ 3 000 ans. Cette plaque de roche gravée montrait un réseau fluvial et des monticules de terre, et était utilisée pour la navigation. La découverte du site de Ségognole 3 change donc considérablement notre perception de la cartographie préhistorique. Elle témoigne des capacités cognitives et des compétences d’ingénierie des premiers humains, capables de représenter non seulement leur environnement immédiat, mais aussi de manipuler les éléments naturels pour répondre à leurs besoins.

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