Les empreintes ont été retrouvées sur la plage de Manunutahi, située à Mosquito Bay, dans la région de Kaipara, sur l’île du Nord. Bien que la découverte soit survenue après une tempête qui a emporté une partie du sable, c’est un coup du sort plutôt qu’un travail minutieux qui a mis au jour cette fascinante trace du passé. Les chercheurs ont repéré « quatre empreintes de relief positives et une empreinte de relief négative », des traces qui ont immédiatement attiré l’attention en raison de leur taille et de leur forme atypique.
Les empreintes ont été analysées par une équipe scientifique pluridisciplinaire, qui a utilisé une série de techniques pour déterminer l’identité de l’oiseau et pour estimer l’âge des traces. Cette analyse a permis de confirmer que ces empreintes étaient celles d’un moa, un géant de la faune néo-zélandaise du Pléistocène, qui vivait autrefois sur les îles.
Les chercheurs ont estimé que l’oiseau mesurait environ 80 centimètres de hauteur au niveau des hanches et pesait autour de 29 kilogrammes. Ce moa se déplaçait à une vitesse relativement lente, de l’ordre de 1,7 kilomètre par heure, ce qui suggère qu’il prenait son temps lors de ses déplacements. En outre, l’analyse des empreintes a permis de déterminer que celles-ci avaient été laissées dans une couche de grès datant d’environ un million d’années, ce qui situe leur origine à la période du Pléistocène moyen.

Pourquoi ces empreintes sont-elles si spéciales ?
Le moa, un oiseau endémique de la Nouvelle-Zélande, pouvait atteindre jusqu’à trois mètres de hauteur. Incapable de voler, cet animal était un herbivore terrestre, très prisé dans la culture maorie, mais il a disparu peu après l’arrivée des premiers humains sur les îles.
Ce qui est fascinant dans la découverte de ces empreintes, c’est que, même si elles semblent être le produit de cet oiseau, elles ne correspondent pas tout à fait à ce que les chercheurs attendaient. Parmi les neuf espèces connues de moas, aucune n’a laissé des traces qui se superposent de manière aussi précise à celles découvertes à Kaipara. Les chercheurs ont notamment constaté une discordance entre la largeur des empreintes et celle des os de la cheville des moas connus, suggérant que ces traces pourraient avoir été laissées par une espèce totalement inconnue, ou par un moa subadulte d’une espèce géante.
Cela pourrait signifier que, même si nous connaissions bien l’existence des moas, nous en ignorons peut-être encore certaines variétés.

L’impact d’une découverte historique
Ces empreintes vieilles d’un million d’années ouvrent donc de nouvelles perspectives pour les scientifiques et nous rappellent à quel point il reste encore à découvrir sur la faune et l’écologie des temps préhistoriques. Non seulement elles nous renseignent sur les moas, mais elles suscitent également des questions sur des espèces inconnues qui ont disparu sans laisser beaucoup de traces. Si ces empreintes appartiennent à une nouvelle espèce, elles pourraient offrir un aperçu inédit sur l’évolution des oiseaux et des écosystèmes de la Nouvelle-Zélande.
L’étude est publiée dans le New Zealand Journal of Geology and Geophysics.