L’industrie aéronautique, l’un des secteurs les plus énergivores au monde, est confrontée à un défi de taille : réduire son empreinte carbone tout en maintenant son efficacité opérationnelle. Les compagnies aériennes ont besoin de carburants à haute densité énergétique, nécessaires pour les vols long-courriers et la propulsion des avions modernes. Pourtant, avec l’aviation responsable de 2 à 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, il devient impératif de repenser les technologies qui alimentent nos avions. Face à ce défi, Airbus, leader de l’industrie aéronautique, s’engage fermement sur la voie de l’hydrogène, un carburant propre et durable. Et ce n’est pas qu’une simple évolution technologique ; c’est une véritable révolution en préparation.
L’aviation à hydrogène : une promesse pour l’avenir
L’industrie aéronautique fait face à un défi de taille : réduire son empreinte carbone tout en répondant à la demande de voyages aériens toujours croissante. La solution pourrait bien provenir de l’hydrogène, un carburant propre et durable. C’est dans cette optique qu’Airbus a lancé le projet ZEROe, une initiative ambitieuse visant à concevoir des avions commerciaux entièrement alimentés à l’hydrogène.
Historiquement, l’objectif d’Airbus était de commercialiser ces avions à hydrogène d’ici 2035, mais face aux urgences climatiques et aux progrès technologiques réalisés, l’entreprise a accéléré son calendrier. Désormais, le constructeur aéronautique vise à lancer ces avions d’ici la fin des années 2030, un tournant majeur dans l’histoire de l’aviation.
Comment ça marche ?
L’hydrogène, lorsqu’il est utilisé dans des piles à combustible, est une alternative révolutionnaire aux moteurs à combustion traditionnels. Contrairement à ces derniers qui brûlent des carburants fossiles et génèrent des émissions de gaz à effet de serre, les piles à combustible hydrogène produisent de l’électricité grâce à une réaction chimique entre l’hydrogène et l’oxygène. Ce processus ne génère comme sous-produit que de la vapeur d’eau, éliminant ainsi les émissions polluantes.
Cette technologie présente un rendement énergétique élevé, offrant une solution prometteuse pour des avions long-courriers, qui nécessitent des sources d’énergie à la fois puissantes et légères. Pour l’industrie aéronautique, cela signifie que l’hydrogène pourrait permettre de maintenir l’efficacité des vols tout en réduisant l’impact environnemental, une avancée essentielle pour parvenir à une aviation plus verte.
Pour concrétiser cette vision, Airbus a conçu un prototype d’avion à hydrogène équipé de quatre moteurs de propulsion électrique de 2 mégawatts chacun. Ces moteurs seront alimentés par un système de pile à combustible, et l’hydrogène sera stocké dans deux réservoirs cryogéniques, à des températures extrêmement basses, dans le but de garantir une efficacité maximale.

Défis réglementaires et infrastructurels : un chemin semé d’embûches
Cependant, bien que les avancées technologiques soient prometteuses, Airbus reconnaît que de nombreux défis demeurent. Le développement d’une aviation à hydrogène ne repose pas uniquement sur l’innovation dans la propulsion des avions, mais aussi sur la mise en place d’une infrastructure adaptée.
L’une des difficultés majeures réside notamment dans le manque d’infrastructures de ravitaillement en hydrogène dans les aéroports du monde entier. Pour résoudre ce problème, la société travaille en collaboration avec plus de 200 aéroports, compagnies aériennes et fournisseurs d’énergie afin de développer un écosystème complet de production, de stockage et de distribution d’hydrogène. De plus, des normes réglementaires nouvelles devront être mises en place pour garantir la sécurité des vols et la certification des avions à hydrogène.
Malgré ces obstacles, Airbus demeure optimiste. L’entreprise continue de collaborer avec des partenaires industriels, des régulateurs et des exploitants d’aéronefs pour assurer le succès de cette révolution verte dans l’aviation. Si le projet ZEROe se concrétise, il pourrait non seulement transformer l’aviation commerciale mais également devenir un modèle pour d’autres secteurs industriels.
Ailes pliantes, moteurs sans coques, ou captage de CO2…
En attendant ces prochains avions à hydrogène, Airbus met déjà en place des innovations majeures qui transformeront l’industrie aéronautique dans les années à venir. Lors de l’Airbus Summit tenu récemment à Toulouse, le constructeur européen a dévoilé plusieurs technologies de pointe qui seront intégrées à ses futurs appareils.
L’une des principales innovations est le moteur Rise, un moteur sans coque à soufflante ouverte développé par CFM. Ce moteur, qui remplacera l’actuel modèle équipant 60 % des Airbus A320neo, promet une réduction de 20 % de la consommation de carburant. De plus, il sera compatible avec des carburants durables et, à long terme, avec de l’hydrogène, apportant ainsi une solution plus verte pour l’aviation. Les tests débuteront en 2028.

Autre avancée importante, les ailes pliantes. Ce design innovant vise à rendre l’aéronef plus aérodynamique, réduisant ainsi sa consommation de carburant. L’aile, à la fois longue et fine, sera capable de se replier lorsque l’avion approchera des portes des aéroports, permettant ainsi de gagner de l’espace tout en maximisant l’efficacité.
Enfin, Airbus travaille sur un système appelé DAC (Direct Air Capture), destiné à capturer le dioxyde de carbone directement dans l’air. Ce dispositif, qui a d’abord été développé pour la Station spatiale internationale, pourrait être utilisé sur Terre pour lutter contre les émissions de CO2. Airbus prévoit de produire des unités modulaires capables d’en absorber différentes quantités, allant de 5 à 250 tonnes par an. Une fois capté, ce dioxyde de carbone pourrait être transformé en carburant durable et combiné avec de l’hydrogène, contribuant ainsi à alimenter les futurs avions de manière plus écologique.
Ces technologies témoignent de l’engagement d’Airbus dans une aviation plus verte et durable, avec des projets concrets qui façonnent l’avenir du secteur.