Le 9 février, une tempête a provoqué une fuite massive de saumons d’élevage au large des côtes norvégiennes. Pas moins de 27 000 poissons appartenant à la multinationale Mowi ont quitté leur enclos, soulevant des préoccupations environnementales majeures. Ce type d’incident, loin d’être anodin, accentue les risques pour les populations de saumons sauvages et l’écosystème aquatique en général.
Une fuite aux conséquences désastreuses
L’évasion de ces saumons pose de multiples problèmes :
- Diminution de la diversité génétique : en se mélangeant avec les saumons sauvages, les spécimens d’élevage altèrent la pureté génétique des populations locales, réduisant ainsi leur résistance aux maladies et aux changements environnementaux (source).
- Augmentation des infections parasitaires : les saumons d’élevage sont souvent porteurs de poux de mer (Lepeophtheirus salmonis), un parasite qui peut provoquer des mortalités importantes chez les poissons sauvages (source).
- Destruction des frayères : les saumons d’élevage, souvent plus agressifs et moins adaptés aux écosystèmes naturels, peuvent perturber les zones de reproduction en concurrençant les espèces locales pour l’espace et les ressources (source).
La Norvège face à un défi écologique
La Norvège, premier exportateur mondial de saumon d’élevage avec environ 1,2 million de tonnes produites par an, fait face à une baisse alarmante des populations de saumons sauvages. En 2023, cette tendance a conduit à la fermeture de 33 rivières traditionnellement utilisées pour la pêche.
Les autorités norvégiennes ont pris des mesures exceptionnelles pour tenter de contenir cette crise. Normalement, la recapture des saumons échappés est interdite dans un rayon de 500 mètres autour des sites d’élevage. Toutefois, compte tenu de l’ampleur de l’incident, Mowi a reçu une autorisation spéciale pour étendre ses opérations de récupération.

Un modèle de pisciculture remis en question
Le débat autour des élevages en mer à filets ouverts s’intensifie. Ces infrastructures, bien que rentables, sont souvent pointées du doigt pour leurs impacts négatifs sur l’environnement. Malgré les appels à une interdiction de ce mode de production, le ministre norvégien de l’Environnement, Andreas Bjelland Eriksen, a estimé que le niveau de pollution généré restait « acceptable ».
Alternatives plus durables
Face aux critiques, plusieurs alternatives sont envisagées pour rendre l’aquaculture plus respectueuse de l’environnement :
Solution | Avantages | Inconvénients |
---|---|---|
Élevages en circuit fermé à terre | Moins d’impact sur l’écosystème marin, contrôle accru des maladies | Coût élevé, forte consommation énergétique |
Utilisation de filets semi-fermés | Réduction des fuites et des polluants | Moins efficace que les circuits fermés |
Amélioration des contrôles sanitaires | Moins de parasites et de maladies | Dépend de l’application stricte des règles |
Un enjeu global pour la biodiversité
L’évasion de ces 27 000 saumons met en lumière les limites de l’aquaculture industrielle et les risques qu’elle fait peser sur la biodiversité marine. Ce n’est pas un cas isolé : des incidents similaires ont déjà été signalés au Canada, en Écosse et au Chili. La question se pose alors : faut-il continuer à privilégier la rentabilité de ces élevages au détriment de l’environnement, ou bien repenser entièrement le modèle pour préserver nos écosystèmes aquatiques ?
Une chose est sûre : la gestion de ces élevages doit évoluer pour éviter que de telles catastrophes ne se reproduisent.