(Agence Ecofin) - Un mois après un accord d’indemnisation, le Zimbabwe se dit prêt à restituer aux fermiers blancs étrangers les terres saisies et accordées aux populations noires. La mesure pourrait être difficile à mettre en œuvre tant les divisions sur le sujet sont profondes.
Après la phase des indemnisations, le Zimbabwe se dit prêt à rétrocéder aux fermiers blancs étrangers installés dans le pays les terres qui leur avaient été arrachées sous Robert Mugabe. C’est ce qu’ont annoncé les ministres Mthuli Ncube (Finances) et Anxious Masuka (Agriculture) dans une déclaration commune.
D’après le gouvernement, les fermiers blancs étrangers dont les terres ont été saisies sous Robert Mugabe ont désormais la possibilité de les réclamer, et pourront même se voir offrir de nouvelles terres si une restitution est impossible. Les autorités estiment que ce processus est légitimé par la violation, par le régime Mugabe, de plusieurs traités qui prévoyaient une indemnisation à la fois pour leurs terres et pour d'autres biens.
Si l’avis du gouvernement semble tranché sur la question, il devrait être beaucoup plus difficile de la transformer en décision applicable sur le terrain. En effet, la question de la redistribution des terres continue de diviser fortement la population zimbabwéenne.
Si certains estiment que la réforme agraire de Robert Mugabe était une erreur qui a conduit à la déchéance agricole du pays, d’autres soutiennent qu’elle était nécessaire, car elle a permis de redonner du « pouvoir » aux populations noires marginalisées.
Restituer aux fermiers blancs les terres qui avaient été saisies implique également de les retirer à leurs propriétaires noirs ; un processus qui pourrait créer de nouvelles tensions.
« Si la situation actuelle sur le terrain ne permet pas de restituer les terres de cette catégorie à leurs anciens propriétaires, le gouvernement leur offrira des terres alternatives ailleurs, en guise de restitution », a indiqué la déclaration des ministres Ncube et Masuka, relayée par Reuters.
Depuis son arrivée au pouvoir, le président Emmerson Mnangagwa a entrepris de régler la question de la réforme agraire qui est depuis plusieurs années maintenant une grosse épine dans les pieds de l’Etat. En juillet, le gouvernement a signé un accord de 3,5 milliards $ pour indemniser les fermiers blancs expropriés.
D’après les autorités, un bail de 99 ans pourrait également être accordé aux propriétaires dont l’Etat a réquisitionné les terres, mais qui se trouvent encore sur lesdites propriétés.
Moutiou Adjibi Nourou