L’humanité est peut-être à l’aube d’une découverte qui bouleverserait notre compréhension de l’univers. D’une taille sans précédent, le Télescope géant européen, un instrument révolutionnaire en construction au Chili, pourrait détecter des traces de vie sur des exoplanètes en un temps record, notamment sur Proxima Centauri b, la planète la plus proche de la Terre en dehors du Système solaire. Mais comment un tel exploit est-il possible ?
Un monstre d’observation pour traquer la vie
D’un diamètre de 39 mètres, le Télescope géant européen sera le plus grand télescope optique jamais construit. Son miroir massif captera 37 fois plus de lumière que le célèbre James Webb Space Telescope (JWST), lui permettant d’analyser en détail l’atmosphère des exoplanètes situées à quelques années-lumière.
L’une de ses missions majeures sera la détection de biosignatures, ces combinaisons de molécules qui, sur Terre, sont directement liées à la présence de la vie. Parmi elles, le duo oxygène-méthane est particulièrement révélateur : l’oxygène seul peut être produit par des processus géologiques, mais en présence de méthane, il devient le signe distinctif d’une activité biologique.
Selon une récente étude menée par le Dr Miles Currie et la professeure Victoria Meadows de l’Université de Washington, il suffirait de 10 heures d’observation pour que le télescope détecte ces signaux potentiels de vie dans l’atmosphère de planètes proches.
Proxima Centauri b, la meilleure cible
Située à seulement 4,2 années-lumière, Proxima Centauri b est l’une des exoplanètes les plus prometteuses pour la recherche de la vie. Elle se trouve dans la zone habitable de son étoile, c’est-à-dire à la bonne distance pour que de l’eau liquide puisse exister à sa surface.
Mais cette planète est aussi entourée de mystère. Son étoile, Proxima Centauri, est une naine rouge très active, sujette à de violentes éruptions solaires qui pourraient avoir soufflé l’atmosphère de la planète. comment alors en être sûr ?
Jusqu’à présent, la meilleure façon d’analyser l’atmosphère d’une exoplanète était d’observer son transit devant son étoile. Lorsque la lumière de l’étoile traverse l’atmosphère de la planète, certaines longueurs d’onde sont bloquées, révélant la composition chimique de l’air. Cependant, Proxima Centauri b ne transite pas de notre point de vue, ce qui rend cette méthode inapplicable, notamment pour le télescope James Webb.
Le Télescope géant européen, lui, sera suffisamment puissant pour observer directement la lumière réfléchie par la planète et y détecter la présence de molécules comme l’oxygène, le méthane ou le dioxyde de carbone, et ce, en quelques heures seulement.

D’autres mondes à explorer
Si, dans quelques années, le Télescope géant européen capte des biosignatures sur Proxima Centauri b, nous serions face à l’une des plus grandes découvertes scientifiques de l’histoire. L’impact serait immense, remettant en question notre solitude dans l’univers et ouvrant la voie à des recherches encore plus poussées.
Bien sûr, cette découverte ne signifierait pas que nous avons trouvé des extraterrestres intelligents. Mais elle prouverait que la vie peut exister ailleurs que sur Terre et que les conditions pour son apparition ne sont pas si rares. Ce serait une première étape vers une compréhension bien plus large de notre place dans l’univers.
Par ailleurs, si Proxima Centauri b n’abrite pas la vie, d’autres exoplanètes proches pourraient être des cibles idéales. Des mondes comme Tau Ceti e, à 12 années-lumière, ou Epsilon Eridani b pourraient également révéler des biosignatures.
Le Télescope géant européen pourrait ainsi inaugurer une nouvelle ère d’exploration, où chaque nuit d’observation pourrait nous rapprocher de la réponse à l’une des plus grandes questions de l’humanité : sommes-nous seuls ? Les premières observations sont prévues pour 2029.