Pour la toute première fois, une étude a permis de calculer la place imposante que prennent les cocotiers dans les forêts tropicales des atolls du Pacifique. Les chercheurs estiment que ces plantations, dont certaines sont abandonnées, présentent un risque pour la biodiversité locale.
Les cocotiers représentent plus de la moitié de la couverture arborée par endroits
Le cocotier (Cocos nucifera) est une espèce de palmiers qui donne la célèbre noix de coco, abondamment consommée sous certaines latitudes. Or, cette plante emblématique des plages paradisiaques prend énormément de place dans les forêts tropicales qui recouvrent les atolls du Pacifique, comme l’explique une étude publiée dans la revue Environmental Research Letters le 4 décembre 2024.
Si la chair et le lait de coco sont très prisés, c’est aussi le cas de l’huile de coprah. Or, durant deux siècles, elle a été largement exportée dans le monde entier avant que l’huile de palme lui oppose une concurrence féroce. Aujourd’hui, les plantations de cocotiers (cocoteraies) semblent être un héritage encombrant de la colonisation européenne.
Avec l’aide de l’ONG The Nature Conservancy, des chercheurs de l’Université de Californie à Santa Barbara (États-Unis) ont observé des images satellites afin d’élaborer la toute première carte de l’emprise des cocoteraies sur 235 atolls du Pacifique (sur un total de 266). Selon les résultats, les cocotiers recouvrent plus de la moitié de la couverture arborée de ces atolls (58,3%) en moyenne. De plus, la moitié de ces arbres se trouvent sur des parcelles monoculturées.

La nécessité de restaurer les forêts indigènes
Mais pourquoi cette quantité de cocotiers représente-t-elle un problème ? Il faut savoir que ces plantes puisent énormément d’eau dans les souterrains et peu d’oiseaux sont capables d’y nicher. Malheureusement, les feuillus locaux sont retranchés sur de petites parties de ce qui est pourtant leur aire de répartition naturelle. Or, moins d’oiseaux signifie moins de guano (un engrais naturel issu des déjections) qui fertilisait jadis à la fois les sols et les océans. Ainsi, cela occasionne un stress hydrique, un déclin des feuillus, une baisse de la population d’oiseaux ainsi que des impacts sur les récifs coralliens à proximité.
L’étude montre que les cocotiers occupent près d’un quart de la surface terrestre des atolls cartographiés (24,1 %). Ce chiffre peut être mis en relation avec la terrible déforestation en cours sur l’île de Bornéo, surtout côté indonésien. En 2015, pas moins de 10,8 % des terres de l’île avaient été converties pour la production d’huile de palme.
Enfin, rappelons que sur les atolls, la plupart des champs sont abandonnés. Se pose ainsi la question suivante : que faire pour la suite ? Pour les auteurs de l’étude, il ne fait aucun doute que les cocotiers et leurs fruits sont fortement ancrés dans la culture locale. Néanmoins, la restauration des forêts indigènes semble nécessaire afin de restaurer la biodiversité, en plus d’offrir une certaine résilience climatique.