(Agence Ecofin) - En dehors des efforts des gouvernements pour la transition énergétique, les scientifiques à travers le monde, ont au cours des dernières années, multiplié les efforts pour trouver des solutions plus simples et moins coûteuses pour consommer de l’énergie.
En Suisse, le Campus Energypolis, un institut de recherches sédunois, vient de dévoiler une innovation qui consiste à répandre de la chaleur et du froid dans des endroits où le besoin se fera ressentir à partir de CO2 capté dans l’air.
En effet, lorsqu’on condense du dioxyde de carbone, en passant à l’état liquide, il dégage de la chaleur. Celle-ci pourra être utilisée par des réseaux de distribution de chaleur, comme dans le cas du chauffage d’une piscine par exemple. Inversement, lorsqu’on évapore du CO2 liquide, il requiert de la chaleur et dégage du froid.
Les auteurs de la solution sont l’institut, l’école polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) en collaboration avec la start-up ExerGO et les entreprises locales Zero-C et Oiken. Le système de production de cette énergie est dénommé « réseau de CO2 ». Il faut savoir qu’il peut fonctionner avec de l’eau comme transporteur thermique. A ce niveau, les réseaux utilisent le changement de température de l’eau du circuit pour transmettre de l’énergie aux autres installations. Toutefois, on estime que le dioxyde de carbone est plus économique.
« Avec un kilogramme de CO2 qui s’évapore et se condense, j’aurai dix fois plus d’énergie qu’avec un réseau similaire d’eau qui se refroidit ou se réchauffe de trois degrés », a expliqué Jessen Page, l’un des responsables du projet.
La solution dont la mise au point a coûté 4 millions de dollars est actuellement déployée dans le cadre d’une phase pilote dans trois bâtiments du campus d’Energypolis. Les autorités suisses ont donné un an à ses auteurs pour qu’ils puissent prouver que cette innovation est efficace et capable d’apporter un plus dans les efforts liés à la transition énergétique. La phase pilote permet de générer 500 kW.
Par ailleurs, les réseaux nécessaires au transport du CO2 ne nécessitent que des conduits légers et plus accessibles que ceux de l’eau. « C’est ça qui fait toute la différence. Les coûts d’installation sont bien moins importants. Et pas besoin de casser des routes ou des façades pour en installer », a-t-il indiqué, avant d’ajouter qu’il n’est nul besoin de creuser en profondeur pour installer le réseau.
« Toute la machinerie et la tuyauterie existent déjà sur le marché. On pourrait commencer à en vendre demain », s’est réjoui Alberto Mian, directeur d’ExerGO.
Pour sa part, un autre scientifique a affirmé qu’avec les économies réalisées chaque année, l’installation serait rentable en six ans. A titre de comparaison, il faut beaucoup plus de temps pour qu’un gazoduc soit rentable.
Selon les scientifiques, le réseau de CO2 peut aider à construire la ville de demain totalement autonome en électricité. En cas de succès, cette innovation pourrait permettre le développement d’une infrastructure énergétique différente et réduire l’utilisation du gaz naturel.