Un rapport sévère du Bureau de l’inspecteur général de la NASA (OIG) a révélé des problèmes majeurs dans le développement de la prochaine version de la mégafusée Space Launch System (SLS), retardant potentiellement les missions Artemis. Publiée le 8 août, cette analyse critique se concentre sur le bloc 1B du SLS et son étage supérieur d’exploration (EUS).
Des problèmes de qualité et des retards de production pour les fusées SLS
Commençons par un petit rappel des différents modèles de fusées SLS en cours de développement pour servir les missions Artemis. Le Bloc 1 est la version initiale du lanceur utilisée pour les premières missions du programme Artemis. Le Bloc 1B est de son côté conçu pour les missions futures et améliorées. Il inclut notamment un étage supérieur d’exploration (EUS) plus puissant, permettant de transporter plus de charges utiles vers la Lune et au-delà. Ce modèle est prévu pour les missions Artemis plus avancées, dont Artemis 4.
Le rapport du Bureau de l’inspecteur général de la NASA se concentre ici sur la version Bloc 1B. Il souligne des lacunes préoccupantes dans le contrôle qualité au sein de l’usine d’assemblage Michoud de la NASA à La Nouvelle-Orléans où Boeing est le principal entrepreneur pour les composants clés du SLS. Les manquements constatés incluent des défauts dans les travaux effectués sur le cœur et les étages supérieurs de la fusée ainsi que sur la suite avionique. Selon l’OIG, ces insuffisances sont principalement dues à un manque de personnel qualifié chez Boeing. La formation et la supervision inadéquates des employés contribuent en effet à des défauts de fabrication qui pourraient compromettre la sécurité et la fiabilité des composants du SLS.
En réponse, l’OIG a donc émis quatre recommandations. La NASA a répondu en acceptant trois d’entre elles, dont l’élaboration d’un programme de formation à la gestion de la qualité pour Boeing et une analyse approfondie des dépassements de coûts. Cependant, elle a rejeté l’idée d’imposer des sanctions financières en cas de non-respect des normes de qualité par Boeing.

Vers une mission repoussée
Naturellement, tous ces problèmes ont des conséquences financières. Le coût du bloc 1B du SLS est désormais estimé à environ 5,7 milliards de dollars d’ici 2028. Il dépasse ainsi déjà de 700 millions de dollars l’engagement initial de la NASA. L’étage supérieur d’exploration (le second étage de la fusée donc) représente une part importante de ce dépassement avec des coûts passés de 962 millions de dollars en 2017 à près de 2,8 milliards de dollars en 2028. Ces augmentations significatives des coûts et des délais suggèrent que le lancement d’Artemis 4, prévu pour 2028, pourrait également être repoussé.
Ce nouveau rapport de l’OIG représente ainsi un nouveau coup dur pour Boeing, dont les défis ne se limitent pas au SLS. Le vaisseau spatial Starliner de l’entreprise, déjà sous surveillance après un séjour prolongé à la Station Spatiale internationale (ISS) en raison de problèmes techniques, souligne une série de difficultés qui affectent sa réputation et ses capacités opérationnelles.
Notez que la NASA a également rencontré des problèmes avec le vaisseau spatial Orion, construit par Lockheed Martin, qui a récemment fait l’objet d’un autre rapport de l’OIG. Ce dernier avait alors mis en lumière des problèmes de bouclier thermique qui pourraient également avoir des répercussions sur la mission Artemis 2, prévue pour envoyer des astronautes autour de la Lune.