Parfois surnommé le monde perdu, le mont Roraima est à cheval sur trois pays sud-américains et est protégé de la région environnante depuis des dizaines de millions d’années. Abritant de nombreuses espèces endémiques, il continue de dévoiler ses secrets.
Un lieu caractérisé par un fort endémisme
Le mont Roraima est une montagne d’Amérique du Sud partagée entre le Brésil, le Guyana et le Venezuela. Il s’agit plus précisément d’un tepuy, c’est-à-dire un haut plateau à contours particulièrement abrupts. Culminant à 2810 mètres d’altitude, le mont Roraima ne contient pas une faune et une flore très luxuriante, mais il a la particularité de faire l’objet d’un fort endémisme. De nombreuses espèces qui y vivent ne se trouvent nulle part ailleurs.
Il est le résultat de la formation d’un énorme bloc de grès il y a environ 1,8 milliard d’années, au moment où de grandes dunes de sable se sont progressivement solidifiées en roche. Surtout, il est question d’un écosystème protégé du reste de la région pendant environ 70 à 90 millions d’années, selon une étude publiée dans la revue Evolution en 2012.
Un isolement qui n’est pas total
La typologie du mont Roraima a donc permis cet isolement où l’évolution semble avoir suivi son propre chemin. Des botanistes ont étudié le lieu et estiment qu’un tiers de la végétation qui s’y trouve est endémique, notamment une abondance d’orchidées et de plantes carnivores que l’on ne retrouve dans aucun autre endroit sur Terre. Le lieu est une sorte d’oasis, notamment grâce aux bassins d’eau cristalline et aux ruisseaux qui alimentent les cascades qui coulent sur les flancs de la montagne. Des oiseaux nectarivores rares et d’autres créatures assez insolites y vivent depuis longtemps, comme la grenouille noire du Roraima (Oreophrynella quelchii). Néanmoins, une grande partie de la faune et de la flore sur place reste inconnue.

En revanche, il faut savoir que cet isolement n’est pas total. Il y a plus d’une dizaine d’années, des chercheurs ont analysé l’ADN de quatre espèces de grenouilles vivant dans différents tepuys, dont le mont Roraima. L’objectif était de découvrir si ces amphibiens avaient pu être en contact au cours des derniers 70 millions d’années. Or, selon les résultats, ces grenouilles partageaient un ancêtre commun dont la présence date de « seulement » 5,3 millions d’années. Ainsi, certaines espèces parviennent à sortir des plateaux et en coloniser d’autres, bien qu’il s’agisse de migrations sur de courtes distances.
Enfin, il faut savoir que le mont Roraima est accessible aux touristes, mais parvenir au sommet nécessite une ascension de plusieurs jours sur un terrain difficile. Évoquons également le fait que ce tepuy a été découvert très tardivement puisque la première ascension remonte à seulement 1884.