Un énorme iceberg tabulaire d’environ 72 km de long pour 20 km de large s’est récemment écrasé sur un refuge de manchots en Antarctique. Fort heureusement, les animaux étaient absents lors de la collision.
Un iceberg percute l’île Clarence
Un iceberg tabulaire est un type particulier d’iceberg qui se distingue par sa forme plate et massive, ressemblant à une immense table flottante de glace. Contrairement aux icebergs classiques qui ont une forme irrégulière et pointue, ces derniers présentent des côtés verticaux presque symétriques. Ces icebergs se forment généralement à partir de la calotte glaciaire antarctique.
La structure dont il est question ici représente le plus gros morceau restant de D-28. Cet énorme iceberg s’était écrasé près de la plate-forme de glace de Borchgrevink, dans l’est de l’Antarctique, avant de se briser en deux. Depuis, D-30 dérivait lentement vers l’ouest. Fin 2022, l’iceberg avait toutefois soudainement changé de cap pour se diriger vers l’île Clarence, la plus orientale des îles Shetland du Sud, qui a une superficie environ dix fois plus petite que la structure de glace de plus de 70 km de long.
Le 6 septembre, l’énorme plaque a finalement percuté la côte sud de l’île avant de tourner autour. Or, l’île Clarence est un site de reproduction important pour les manchots à jugulaire (Pygoscelis antarcticus). On estime en effet qu’environ 100 000 couples reproducteurs fréquentent ce morceau de terre chaque hiver pour pondre et incuber leurs œufs.
Plus de bien que de mal ?
Naturellement, les chercheurs craignaient que cette collision ait un impact sur cette population. Fort heureusement, les oiseaux qui s’y reproduisent n’étaient pas encore revenus dans la colonie. Heather Lynch, écologiste statisticienne à l’Université Stony Brook de New York, note qu’une collision plus tardive aurait pu être beaucoup plus grave pour les manchots.
En effet, les icebergs qui entrent en collision avec des îles peuvent rester coincés sur le fond marin à proximité des côtes, ce qui peut avoir de graves conséquences sur l’écosystème marin. Ces icebergs peuvent notamment bloquer l’accès des animaux marins à la mer, ce qui peut les empêcher de se nourrir, de se reproduire ou de migrer comme ils le feraient normalement. La présence de ces structures peut aussi modifier la température et la salinité de l’eau environnante à laquelle sont habituées la faune et la flore. Enfin, les icebergs peuvent également racler le fond marin, endommageant ainsi les espèces qui fréquentent ces zones, telles que les coraux, les éponges et d’autres organismes benthiques.
Ici, le fond marin entourant l’île Clarence a peut-être contribué à éviter une catastrophe en raison de sa profondeur. D’ailleurs, cette rencontre rapprochée pourrait même avoir été bénéfique pour la faune locale. Selon les chercheurs, en se frottant à l’île, l’iceberg a en effet probablement libéré de l’eau de fonte riche en fer. Or, elle pourrait favoriser la croissance accrue d’algues dans la région.
Le D-30A se dirige désormais vers le passage de Drake, ce qui signifie qu’il est d’ores et déjà condamné. Les courants océaniques de cette région entraînent en effet les icebergs vers des eaux plus chaudes.
