Des scientifiques ont dévoilé un dinosaure à cornes géant d’Égypte, nommé Tameryraptor markgrafi, après avoir découvert des photos perdues de fossiles détruits pendant la Seconde Guerre mondiale.
La découverte initiale et la perte tragique des fossiles
Tout commence en 1914, lorsque des paléontologues allemands menés par Richard Markgraf déterrent pour la première fois les fossiles de ce dinosaure du Crétacé dans l’oasis de Bahariya, dans le désert occidental de l’Égypte. Ces restes fossilisés, incluant des os et des dents, sont une véritable avancée pour la paléontologie de l’époque, offrant une vue sans précédent sur la faune préhistorique du nord de l’Afrique. Les fossiles sont envoyés à la Collection d’État bavaroise de paléontologie et de géologie (BSPG), en Allemagne, où ils sont soigneusement étudiés et conservés.
Cependant, le destin en décide autrement. En 1944, au cours d’un bombardement pendant la Seconde Guerre mondiale, le bâtiment où étaient entreposés ces précieux fossiles est détruit par un incendie. Les fossiles disparaissent, emportés dans les flammes. Cette perte tragique semble marquer la fin de l’histoire de ce dinosaure particulier. Pendant des décennies, les scientifiques pensent que ces fossiles ont été définitivement perdus.
La redécouverte inattendue : Des photos oubliées
En 2023, un tournant surprenant dans l’histoire de cette découverte se produit. Des chercheurs de l’Université de Tübingen, en Allemagne, mettent la main sur des photographies jusqu’alors inconnues des fossiles perdus. Ces images, qui datent des années 1940, montrent les fossiles dans toute leur splendeur avant leur destruction. Grâce à ces photos inédites, les chercheurs peuvent enfin étudier les caractéristiques du dinosaure, ce qu’ils n’avaient pas pu faire après la perte des fossiles originaux.
Au départ, les scientifiques pensaient que ces restes fossiles appartenaient à un grand dinosaure théropode connu sous le nom de Carcharodontosaurus. Cette conclusion était basée sur des observations initiales faites dans les années 1940 par le paléontologue allemand Ernst Stromer. Stromer avait même classé ce spécimen comme un membre de ce groupe de dinosaures géants réputés pour leur taille imposante et leurs dents acérées. Finalement, un examen minutieux des nouvelles photos a révélé des différences frappantes : une corne proéminente, une forme différente du crâne et un cerveau frontal élargi. Ces traits distinctifs ne correspondent pas à ceux du Carcharodontosaurus, mais bien à une nouvelle espèce de dinosaure, désormais nommé Tameryraptor markgrafi.
Le nom Tameryraptor est un hommage à l’Égypte ancienne, car « Ta-Mery » signifie « terre promise » en égyptien et « raptor », qui signifie « voleur » en latin, fait référence à la nature carnivore du dinosaure. L’épithète spécifique, markgrafi, rend hommage à Richard Markgraf, le collectionneur de fossiles qui a initialement exhumé les restes de cet animal.

Un aperçu de la faune préhistorique en Afrique du Nord
La découverte du Tameryraptor markgrafi, qui mesurait environ dix mètres de long, révèle une facette inédite de la préhistoire en Afrique du Nord. Si l’Égypte et ses fossiles sont souvent associés à des découvertes spectaculaires comme celles du Spinosaurus, cette nouvelle espèce de dinosaure montre que le continent africain abritait une faune bien plus diversifiée que ce que l’on imaginait jusqu’alors. Cette découverte remet en lumière les interactions complexes entre les différentes espèces qui vivaient dans la région à l’époque et pourrait redéfinir certaines hypothèses sur l’écosystème du Crétacé.
Les scientifiques pensent que cette découverte pourrait également ouvrir la voie à d’autres recherches. En effet, plusieurs autres espèces, comme le Deltadromeus, partagé entre l’Égypte et le Maroc, pourraient elles aussi révéler des spécimens plus distincts et jusque-là ignorés. Cela soulève des questions fascinantes sur la diversité de la vie préhistorique en Afrique du Nord et l’importance de revisiter les archives anciennes pour mieux comprendre l’histoire de la Terre.