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Un atterrisseur sur Vénus pourrait-il survivre plus de quelques heures ?

Un atterrisseur sur Vénus pourrait-il survivre plus de quelques heures ?

  • vendredi 24 février 2023
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Vénus et la Terre sont parfois qualifiées de jumelles. Et pour cause, les deux planètes sont rocheuses et ont des tailles et des masses à peu près similaires. Vénus est également la planète la plus proche de nous, à environ 40 millions de kilomètres au plus près. Une question se pose alors : pourquoi ces deux mondes ont-ils emprunté des chemins aussi différents ? Que s’est-il passé dans l’histoire de Vénus pour qu’elle devienne invivable à ce point ? Cette incroyable divergence est difficile à saisir. C’est pourquoi il est important d’étudier Vénus de près. Cependant, cette planète ne rend pas les choses faciles.


Vénus, un véritable enfer


L’endroit le plus inhospitalier du système solaire est probablement Vénus. La planète possède une température de surface suffisamment chaude pour faire fondre le plomb (près de 460°C) et une pression suffisamment élevée pour écraser la coque d’un sous-marin nucléaire. Les Soviétiques ont tenté tant bien que mal d’explorer cet environnement extrême entre la fin des années 1960 et le début des années 1980. Sur leurs quatorze tentatives d’atterrissage, seulement neuf ont réussi, mais aucun de ces engins n’a tenu plus de 127 minutes avant que les systèmes électriques ne succombent.







Il y a quelques années, une idée de mission américaine proposait un système de refroidissement par gaz liquide. Cependant, cette approche ne permettait d’assurer la survie d’un atterrisseur que moins d’un jour. Dans ces conditions, des échantillons de plusieurs unités géologiques et des données météorologiques critiques, importantes pour tenter de répondre aux questions des chercheurs, auraient été impossibles à obtenir.


Dès 2016, la NASA s’était également penchée sur une autre approche : l’Automaton Rover for Extreme Environments (AREE), un concept de machine ultra résistante et entièrement mécanique, capable d’explorer et d’étudier différentes unités géologiques à la surface de Vénus. Finalement, un tel rover, bien que faisable, s’est avéré peu pratique durant les phases de test.


La meilleure option pourrait être un rover hybride qui combine des qualités mécaniques et électroniques. Nous savons que la NASA travaille sur un projet de ce type : le Long -Lived In situ Solar System Explorer (LLISSE). Cet instrument pourrait intégrer la mission russe Venera-D qui prévoit l’envoi d’un orbiteur et un atterrisseur sur place en 2029.







LLISSE utiliserait de nouveaux matériaux et une électronique résistante à la chaleur qui seraient capables de fonctionnement indépendant pendant environ 90 jours terrestres. Une telle endurance pourrait lui permettre d’obtenir des mesures périodiques des données critiques.


LLISSE vénus
Illustration de l’explorateur du système solaire in situ à longue durée de vie (LLISSE) sur Vénus par rapport aux atterrisseurs traditionnels plus grands. Crédits : John Wrbanek, NASA GRC.

Des batteries ultrarésistantes


Cette unité LLISSE pourrait être alimentée par batteries pour soutenir l’électronique. Des panneaux solaires ne seraient en effet pas viables compte tenu des pressions de surface élevées et des faibles niveaux de lumière (le soleil n’est pas visible sur Vénus, l’atmosphère étant trop épaisse). Par ailleurs, un générateur thermoélectrique à radio-isotopes (RTG), qui équipe notamment les rovers Perseverance et Curiosity sur Mars, impliquerait une source de chaleur supplémentaire. Vénus étant déjà une fournaise, il n’est pas nécessaire d’en rajouter.


La NASA aurait d’ailleurs fait un grand pas en avant dans le développement de ces batteries. L’agence travaille en effet depuis quelques années avec une société appelée Advanced Thermal Batteries, Inc. (ATB). Ensemble, les ingénieurs auraient créé un premier modèle capable de fonctionner aux températures de Vénus pendant une journée solaire entière de Vénus, soit environ 120 jours terrestres. La batterie, qui contiendrait dix-sept cellules individuelles, utiliserait une chimie et des matériaux de structure spécialement conçus.


Notez que ces batteries sont encore en développement. Par ailleurs, on ignore encore si une telle charge pourrait ou non intégrer une mission russe compte tenu des tensions géopolitiques actuelles. Nous savons également que la NASA travaille sur deux missions nommées DAVINCI et VERITAS dont les lancements sont prévus à la fin de la décennie. Cependant, leur architecture ne semble pas permettre l’intégration d’un atterrisseur. Affaire à suivre donc.



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