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Ulrich Adjovi : « En 5 ans, on peut réduire l’écart d’exposition entre les musiciens d’Afrique anglophone et ceux de l’espace francophone »

Ulrich Adjovi : « En 5 ans, on peut réduire l’écart d’exposition entre les musiciens d’Afrique anglophone et ceux de l’espace francophone »

  • samedi 19 novembre 2022
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(Agence Ecofin) - Promoteur culturel et patron de l’Agence Empire Evènementiel, le béninois Ulrich Adjovi a accepté de répondre à nos questions en marge du Salon international des Musiques d’Afrique francophone. Avec l’Agence Ecofin, il discute des enjeux de son métier et de l’impact que peut avoir le digital sur le secteur d’activité.  


Agence Ecofin : Est-ce que ça avait une importance particulière pour vous de participer au SIMA en tant qu’agence qui organise des évènements pour les grandes marques ?


Ulrich Adjovi : Oui et c’était important à plus d’un titre puisque qu’en plus d’organiser plus de 250 évènements par an pour des marques en Afrique, nous gérons des boites de nuit et intervenons dans plusieurs secteurs de l’industrie musicale. C’est toujours nécessaire que les acteurs du secteur se rassemblent. Je profite de cette occasion pour annoncer que des réflexions similaires seront également menées lors du Festival International des Arts du Benin (Finab) qui aura lieu du 14 au 19 février 2023.


« Les artistes ne gagnent pas assez d’argent. Il faut trouver le moyen pour qu’ils vivent de leur art. »


AE : Quel point a le plus retenu votre attention lors de ces premiers échanges ?


Ulrich Adjovi : La musique africaine permet de communiquer pour les marques, mais les artistes ne gagnent pas assez d’argent. Il faut trouver le moyen pour qu’ils vivent de leur art. Le panel de A’salfo et celui avec Suspect 95 ont envoyé des messages forts sur le sujet.


AE : Votre cœur de métier c’est la communication. Est-ce que la musique africaine vous permet de mieux promouvoir les marques pour lesquelles vous travaillez ?


UA : Bien sûr que la musique africaine permet de mieux vendre et c’est la raison pour laquelle les marques avec lesquelles nous travaillons accompagnent nos évènements liés au secteur. La musique africaine permet de se rapprocher de l’audience et de ses valeurs.


AE : Ces deux dernières années, votre agence a organisé de nombreux concerts. Est-ce que l’affluence dans les concerts est revenue aux niveaux d’avant la pandémie ?


UA : En réalité il y a deux périodes dans l’après pandémie. Il y a eu la période immédiatement consécutive à la fin des confinements et la période actuelle. Juste après les confinements, l’euphorie était totale. Nos concerts étaient remplis et le public sortait massivement, bien plus qu’avant le début de la pandémie. Puis il y a la période actuelle. Si on la compare à l’avant pandémie, c’est pratiquement pareil.


« L’expérience du concert physique est totalement différente et ne sera jamais vraiment menacée par la disponibilité des concerts en streaming.  


AE : Est-ce que vous pensez que le digital, notamment le streaming ou le renforcement des interactions entre le public et les stars pendant la pandémie, a impacté la fréquentation des concerts ?


UA : L’expérience de la pandémie était assez intéressante. Avec internet comme seul lien entre les audiences et les artistes on a pu voir des expériences comme celles des concerts virtuels qui ont eu beaucoup de succès à ce moment-là. Mais l’expérience du concert physique est totalement différente et ne sera jamais vraiment menacée par la disponibilité des concerts en streaming. Après, bien évidemment, le digital peut changer certaines choses. On a récemment vu le concert de Booba qui a été retransmis dans d’autres salles en direct. Le digital permet de tenter de nouvelles choses.


AE : Dans vos concerts vous avez parfois des stars européennes en tête d’affiche. Est-ce que malgré cela vous trouvez que les artistes africains attirent le public du continent ?


UA : On voit de plus en plus d’artistes locaux remplir des salles dans leurs pays, même si les choses varient assez selon les pays. Au Benin par exemple, l’engouement vis à vis des artistes est palpable, autant au sein de l’ancienne génération que de la nouvelle. On peut voir un ancien du secteur comme Sagbohan Danialou (chanteur béninois, ndrl) remplir au même titre qu’un  jeune comme Vano baby (chanteur béninois, ndrl).


« Il y a un travail à faire sur les artistes d’Afrique francophones pour intégrer certaines sphères de l’industrie musicale. Pour moi, on en a encore pour 5 ans pour y arriver ».


AE : Est-ce que vous avez l’impression que les artistes francophones reçoivent autant d’exposition que les musiciens d’Afrique Anglophone ? On voit par exemple que sur 7 artistes nominés aux Grammys, seule Angélique Kidjo est francophone


UA : Clairement les artistes anglophones sont plus exposés médiatiquement, mais ça s’explique aussi par la densité du marché anglophone. Aussi, il ne faut pas oublier que l’anglais est bien plus parlé que le français dans le monde et cela a son importance. Avec la taille du Nigeria en plus, c’est assez normal que leurs artistes aient un tel succès. Il y a un travail à faire sur les artistes d’Afrique francophones pour intégrer certaines sphères de l’industrie musicale. Ce travail passera par la structuration du secteur, la formation et surtout plus d’appui des gouvernements du continent.


Propos recueillis par Servan Ahougnon


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