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Trous noirs : une nouvelle théorie pour résoudre le paradoxe de l’information

Trous noirs : une nouvelle théorie pour résoudre le paradoxe de l’information

  • vendredi 13 décembre 2024
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Les trous noirs, ces objets mystérieux et puissants de l’Univers, ont captivé l’imagination des scientifiques pendant des décennies. Ces régions de l’espace où la gravité est si forte que rien, pas même la lumière, ne peut en échapper, posent une question fascinante : que devient l’information quand elle est absorbée par un trou noir ? Ce mystère est au cœur du paradoxe de l’information des trous noirs, un problème qui défie les lois fondamentales de la physique et qui occupe les chercheurs depuis plus de quarante ans. Est-il possible que des informations puissent être perdues à jamais ? Ou y a-t-il un moyen pour elles de s’échapper avant la disparition du trou noir ? Ces questions nourrissent une nouvelle théorie qui pourrait bien changer notre compréhension de l’Univers.


Le paradoxe des trous noirs

En 1976, Stephen Hawking fait une découverte révolutionnaire : les trous noirs ne sont pas totalement noirs. Contrairement à ce que l’on pensait jusque-là, ces objets massifs, qui engloutissent tout ce qui s’approche trop près, ne se contentent pas d’aspirer la matière et la lumière sans laisser de trace. En fait, ils émettent un rayonnement, appelé rayonnement de Hawking, qui leur permet de perdre lentement de la masse et de s’évaporer avec le temps. Ce phénomène remet en cause la notion selon laquelle rien ne peut échapper à l’intérieur d’un trou noir.

Cependant, ce rayonnement a un problème majeur : il ne transporte aucune information. Cela semble paradoxal, car si un trou noir disparaît en émettant ce rayonnement, que devient l’information qu’il a absorbée ? Dans le monde de la physique quantique, l’idée que l’information puisse être perdue va à l’encontre d’une règle fondamentale : l’information ne peut pas être détruite. Cela crée une contradiction apparente. En théorie, il devrait exister un moyen pour cette information de s’échapper, mais le rayonnement de Hawking ne semble pas en être le vecteur.

Alors, que se passe-t-il lorsque le trou noir s’évapore totalement ? L’information qu’il a absorbée reste-t-elle prisonnière à l’intérieur ou existe-t-il un autre mécanisme qui lui permet de s’échapper ? Ce dilemme, connu sous le nom de paradoxe de l’information des trous noirs, trouble les chercheurs depuis des décennies et les réponses restent encore incertaines.


trous noirs de masse intermédiaire
Crédits : Sci.News / Zdeněk Bardon / ESO.

La solution de la non-localité non violente

Pour résoudre le paradoxe de l’information des trous noirs, plusieurs solutions ont été proposées au fil des ans. Parmi elles, l’une se distingue particulièrement : la théorie de la non-localité non violente. Cette hypothèse suggère que l’intérieur d’un trou noir n’est pas isolé de l’extérieur, mais qu’il existe des connexions quantiques qui relient ces deux régions de manière invisible. En d’autres termes, des particules à l’intérieur du trou noir et à l’extérieur pourraient partager un même état quantique, ce qui crée une sorte de lien entre les deux.

Ce phénomène est une forme de non-localité, un effet étrange que le physicien Albert Einstein avait qualifié d’action fantasmagorique à distance. Dans ce contexte, il désignait la capacité des particules de se « communiquer » instantanément, même lorsqu’elles sont séparées par des distances énormes, sans qu’il y ait d’interaction directe. Cela va à l’encontre de notre intuition habituelle selon laquelle les informations ne peuvent se transmettre qu’à travers un espace physique.

Dans le cas des trous noirs, la non-localité est qualifiée de non violente parce qu’elle ne donne pas lieu à des événements spectaculaires comme des explosions ou des phénomènes cataclysmiques. Au lieu de cela, cette connexion quantique produirait des perturbations subtiles dans l’espace-temps autour du trou noir. Ces petites variations seraient des empreintes de l’information absorbée par le trou noir et pourraient en théorie permettre à cette information de s’échapper progressivement. Ainsi, l’information ne serait pas définitivement perdue, mais pourrait être transférée à l’extérieur du trou noir, ce qui résout en partie le paradoxe.


Tester l’hypothèse grâce aux ondes gravitationnelles

Comment tester cette idée pour vérifier si l’information dans un trou noir pourrait être stockée et ensuite « révélée » sous forme de petites fluctuations dans l’espace-temps ? Les chercheurs ont trouvé une piste intéressante en étudiant les ondes gravitationnelles. Ces ondulations de l’espace-temps sont générées par des événements massifs dans l’Univers comme la fusion de deux trous noirs. Selon la théorie de la non-localité non violente, ces petites fluctuations qui se produisent à l’intérieur du trou noir pourraient également se manifester sous forme de signaux dans les ondes gravitationnelles.

Les ondes gravitationnelles sont déjà utilisées pour détecter des événements cosmiques lointains. Par exemple, les observatoires LIGO et Virgo ont permis de détecter les collisions de trous noirs, ce qui fournit une fenêtre inédite sur les phénomènes cosmiques. Les chercheurs pensent que ces petites variations, appelées signatures quantiques, pourraient être présentes dans les ondes gravitationnelles émises lors de fusions de trous noirs. Ces signatures seraient des perturbations très subtiles qui se manifestent sous forme de fluctuations légères au-dessus du signal principal des ondes gravitationnelles. Ce qui les rend intéressantes, c’est leur spectre unique qui permettrait de les distinguer des signaux habituels liés à des événements classiques.

trous noirs
Illustration d’un vaisseau spatial détectant des ondulations dans l’espace-temps, appelées ondes gravitationnelles, alors qu’elles jaillissent d’un trou noir massif. Crédits : ESA

Les limites des détecteurs actuels

Malheureusement, bien que cette théorie soit fascinante, les détecteurs actuels ne sont pas assez sensibles pour repérer ces fluctuations subtiles. Bien que puissants, les instruments comme LIGO ou Virgo ne peuvent pas encore capturer ces minuscules détails dans les ondes gravitationnelles. Ces détecteurs peuvent mesurer des changements dans l’espace-temps avec une grande précision, mais pas à un niveau suffisant pour détecter ces petites empreintes quantiques.


Nous savons cependant que de nouveaux instruments sont en cours de développement. Grâce à leurs capacités de détection beaucoup plus fines, ces observatoires devraient être capables de capter ces signatures subtiles dans les ondes gravitationnelles et ainsi offrir un moyen direct de tester l’hypothèse de la non-localité non violente.

La possibilité de tester cette théorie à l’aide des ondes gravitationnelles serait une avancée majeure pour les chercheurs. Si cette hypothèse se vérifie, elle pourrait résoudre l’un des plus grands mystères de la physique moderne. Elle permettrait non seulement de comprendre comment l’information est conservée dans l’Univers, mais aussi de percer le secret des trous noirs qui sont souvent perçus comme des objets énigmatiques et inaccessibles.

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