Une équipe de chercheurs a analysé les restes squelettiques de deux hommes adultes, identifiés comme frères, enterrés ensemble au niveau de l’actuel Israël vers 1550-1450 av. J.-C. Chacun présente un remodelage osseux compatible avec une maladie infectieuse chronique. L’un présente également un gros trou de forme carrée au niveau de l’os frontal, laissant imaginer une possible trépanation crânienne. Il pourrait s’agir de l’une des premières preuves de cette pratique dans la région à cette époque. Cependant, tout le monde n’est pas d’accord.
Deux frères malades
Tel Megiddo est l’un des sites archéologiques les plus importants du Proche-Orient ancien. Situé dans la vallée de Jezreel, le site contrôlait une partie de la Via Maris, une importante route terrestre qui reliait l’Égypte à la Syrie-Mésopotamie et à l’Anatolie. L’emplacement de la colonie a joué un rôle important dans son développement en tant que centre urbain riche au cours de l’âge du bronze moyen et tardif (vers 1950-1130 av. J.-C.).
Nous savons que la ville possédait de grandes architectures, notamment des temples, des fortifications et un palais. Ce dernier fut érigé à quelques mètres d’une structure domestique connue sous le nom de zone H. La proximité de cette zone avec le palais, combinée à son important assemblage d’artefacts isolés sur place, semble indiquer que ce bâtiment en faisait partie intégrante, fonctionnant peut-être comme une annexe ou une résidence d’élite pour fonctionnaires attachés.
Cela étant dit, il y a quelques années, des chercheurs ont découvert deux tombes dans cette fameuse « annexe ». La première, une tombe royale de l’âge du bronze moyen (vers 1650-1550 av. J.-C.) abritait au moins dix-sept personnes. La seconde, une sépulture plus simple datant de 1550 à 1450 av. J.-C., abritait les restes deux hommes adultes. Une analyse de leur ADN a montré qu’ils étaient frères. Le plus jeune serait décédé au début de la vingtaine, tandis que le second avait entre 21 et 46 ans.
Des signes de trépanation ?
Un examen des squelettes a montré que ces deux frères souffraient de maladies débilitantes ayant déformé quelques-uns de leurs os. Plus intrigant, un morceau d’os carré de trente millimètres de diamètre avait également été prélevé du crâne du frère aîné. Étant donné que ce crâne ne montre aucun signe de guérison, les chercheurs ont proposé que l’ablation aurait pu avoir lieu environ une semaine avant la mort de l’homme et qu’il s’agissait d’une forme de trépanation pour traiter les symptômes débilitants dont il souffrait.
Le trou aurait été fait en incisant le crâne et en extrayant soigneusement des morceaux du centre. La procédure serait ainsi différente des trépanations circulaires qui étaient généralement effectuées par grattage ou forage. Il s’agirait alors du plus ancien témoignage de ce type de procédure dans la région.
Par ailleurs, la présence de beaux récipients en céramique et d’offres alimentaires de haute qualité dans la tombe des deux frères suggère qu’ils avaient un statut social élevé. Selon les auteurs des recherches, ce statut pourrait avoir été l’une des raisons pour lesquelles ils ont vécu pendant de nombreuses années malgré leurs maladies. Un tel statut aurait également permis à l’aîné d’avoir accès à des interventions chirurgicales rares comme la trépanation.
Cependant, cette interprétation est contestée. Israël Hershkovitz, un professeur émérite d’anatomie et d’anthropologie à l’Université de Tel-Aviv, souligne en effet que ce type de trépanation aurait entraîné la mort immédiate de l’individu. Autrement dit, l’incision aurait selon lui été faite post-mortem, peut-être à des fins rituelles. Si tel est le cas, les raisons d’un tel rituel sont encore inconnues.
