Dimanche dernier, Liverpool FC a écrasé Tottenham 5-1 à Anfield, s’emparant de la tête du championnat et, avec elle, d’un nouveau titre de Premier League. Un événement remarquable pour les supporters des Reds — ce n’était que leur deuxième sacre depuis la création du championnat moderne en 1992.
Mais ce n’est pas uniquement sur les pelouses anglaises que ce résultat a fait parler de lui. Dans les cercles mathématiques, il a déclenché un étonnement inattendu : une curieuse coïncidence numérique s’est mise en lumière, impliquant l’une des suites les plus célèbres des mathématiques — la suite de Fibonacci.
Une séquence bien connue… dans un classement de football ?
Voici les clubs ayant remporté la Premier League depuis sa création, classés par nombre de titres :
Club | Titres |
---|---|
Blackburn Rovers | 1 |
Leicester City | 1 |
Liverpool | 2 |
Arsenal | 3 |
Chelsea | 5 |
Manchester City | 8 |
Manchester United | 13 |
Ce qui a attiré l’attention des mathématiciens, c’est que ces chiffres — 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13 — correspondent parfaitement aux sept premiers termes de la suite de Fibonacci.
Une coïncidence ? Probablement. Mais l’apparition de cette séquence dans un palmarès sportif a suffi à piquer la curiosité des amateurs de maths.
Qu’est-ce que la suite de Fibonacci, au juste ?
La suite de Fibonacci est une séquence mathématique dans laquelle chaque nombre est la somme des deux précédents. Elle commence généralement ainsi :
0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34…
Découverte et formalisée en Europe au XIIIe siècle par Leonardo Fibonacci, elle était en fait connue bien plus tôt par des mathématiciens indiens étudiant les motifs poétiques. Fibonacci l’a rendue célèbre en l’utilisant pour modéliser la reproduction des lapins : un couple de lapins met un mois à devenir mature, puis se reproduit chaque mois. Ce modèle donne naissance à la séquence : un couple le premier mois, un autre le mois suivant, puis deux, puis trois, puis cinq, et ainsi de suite.
Ce qui fascine les scientifiques, c’est que cette suite apparaît partout dans la nature. De la spirale des coquillages à la disposition des feuilles sur une tige, en passant par les fleurs de tournesol ou les branches d’arbres, ces nombres semblent récurrents dans les structures biologiques.

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Crédits : Sest/istockUne optimisation naturelle… et mathématique
Pourquoi la nature semble-t-elle tant aimer cette suite ? Cela tient souvent à une logique d’optimisation. Par exemple, pour maximiser l’exposition de ses feuilles au soleil, une plante évite de les faire pousser l’une au-dessus de l’autre. Pour cela, elle utilise une disposition spiralée à un angle précis. Or, cet angle s’approche souvent du nombre d’or, intrinsèquement lié à la suite de Fibonacci.
Chaque ratio entre deux termes consécutifs de la suite (13/8, 21/13…) converge en effet vers ce nombre d’or, approximativement 1,618. La nature semble avoir trouvé dans cette relation un moyen efficace d’organiser la croissance.
Et dans le foot, alors ?
On pourrait s’amuser à imaginer un modèle mathématique où la Premier League redistribue les ressources selon une logique fibonacci-esque : plus un club gagne, plus il reçoit, jusqu’à ce qu’un équilibre étrange s’installe. Mais c’est très peu probable. Il est bien plus plausible que cette correspondance soit purement accidentelle.
Les mathématiciens eux-mêmes rappellent que notre cerveau est programmé pour chercher des motifs, même lorsqu’il n’y en a pas. Ce phénomène, appelé apophénie, nous pousse à voir des corrélations là où il n’existe qu’un hasard statistique.
Et d’ailleurs, il suffira d’un prochain titre d’Arsenal, Chelsea ou City pour briser cette belle symétrie numérique.
Un rappel fascinant
Qu’il s’agisse d’une coïncidence ou non, cette découverte souligne à quel point les mathématiques peuvent s’inviter dans les endroits les plus inattendus. Dans une nature faite d’optimisations, de cycles et de proportions, ou dans le chaos apparent d’un championnat de football, les nombres peuvent surgir là où on ne les attend pas.
Alors, la suite de Fibonacci prédit-elle les futurs champions ? Bien sûr que non. Mais elle nous rappelle que les mathématiques ne sont pas qu’un outil scolaire — elles sont une manière de lire le monde, parfois même sur un terrain de foot.