L’industrie aérospatiale est en pleine mutation avec la montée en puissance des acteurs privés. Parmi les développements les plus surveillés, le programme d’équipage commercial de la NASA illustre cette transition, avec Boeing et SpaceX en tête de course. Alors que SpaceX a réussi à propulser ses missions Crew Dragon sans encombre, le programme Starliner de Boeing traverse des turbulences financières majeures. Cette comparaison entre les deux programmes révèle non seulement des différences de coûts significatives, mais aussi des leçons cruciales pour l’avenir de l’exploration spatiale.
Les coûts explosifs du programme Starliner
Le programme Starliner de Boeing a connu des difficultés majeures depuis son lancement. Initialement, la NASA avait attribué à Boeing un contrat de 4,2 milliards de dollars pour développer Starliner avec l’espoir que la capsule serait prête à transporter des astronautes d’ici fin 2017. Cependant, le premier test en vol avec équipage n’a pas eu lieu avant le 5 juin 2024.
Les problèmes récurrents incluent des défaillances techniques et des retards dans la résolution de ces problèmes. Actuellement, Boeing doit encore faire face à des frais supplémentaires pour corriger les fuites d’hélium et les surchauffes des propulseurs rencontrées lors des essais en vol. Le coût de ces retards et ajustements a non seulement alourdi le budget, mais aussi repoussé la date de début du service opérationnel pour Starliner. Ce décalage a même conduit la NASA à prolonger le contrat de SpaceX pour des missions supplémentaires vers la Station Spatiale internationale, mettant en lumière les défis persistants rencontrés par Boeing.
Globalement, les annonces financières récentes indiquent que Boeing a accumulé une perte totale de près de 1,6 milliard de dollars sur Starliner depuis 2016. Cette perte est en grande partie attribuée aux retards accumulés dans le développement et les tests de la capsule spatiale. Le coût total estimé du programme Starliner est donc aujourd’hui estimé à environ 5,8 milliards de dollars.

Le succès financier de Crew Dragon
En contraste avec les difficultés de Boeing, SpaceX a connu un succès notable avec son programme Crew Dragon. Depuis le début des missions avec équipage en 2020, la société a en effet accompli toutes ses premières missions avec une efficacité qui se traduit par des coûts relativement inférieurs.
Notez que la NASA avait attribué à SpaceX des contrats totalisant environ 3,1 milliards de dollars pour le programme Crew Dragon. Ce montant était donc significativement inférieur aux coûts totaux engagés pour le programme Starliner. Malgré tout, contrairement à Boeing, SpaceX a démontré une capacité exceptionnelle à respecter les délais et à maintenir les coûts sous contrôle. Autrement dit, la société est « restée dans les clous » et n’a pas enregistré de pertes liées à ce programme.

Les implications pour l’avenir de l’exploration spatiale
Les différences de coûts entre Starliner et Crew Dragon ont des implications importantes pour l’avenir de l’exploration spatiale et les relations entre les agences spatiales et les entrepreneurs privés. L’expérience de Boeing avec Starliner souligne notamment les risques associés aux contrats à prix fixe qui placent la responsabilité des dépassements de coûts sur le contractant. En ayant conclu des contrats similaires avec le Pentagone pour divers programmes d’aéronefs, Boeing a rencontré des problèmes similaires, ce qui met en lumière les défis liés à la gestion des coûts dans des projets complexes et innovants.
En revanche, le succès de SpaceX avec le Crew Dragon démontre les avantages potentiels des partenariats public-privé et des contrats bien gérés. L’approche de SpaceX en matière de développement rapide et de réduction des coûts associée à une gestion efficace des contrats offre en effet un modèle de réussite dans le domaine aérospatial.
L’efficacité de SpaceX dans la réalisation de ses objectifs en temps voulu et à coût maîtrisé pourrait donc influencer la manière dont les futurs contrats seront négociés et gérés avec une attention accrue sur la gestion des risques et l’innovation.